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Amortir les frais de notaire en LMNP : méthode par composants, exemples concrets et avantages fiscaux
Dans le cadre du statut de Loueur en Meublé Non Professionnel (LMNP), l’amortissement joue un rôle clé pour optimiser la fiscalité des revenus locatifs.
Parmi les charges amortissables figure les frais de notaire, souvent appelés frais d’acquisition, qui peuvent être répartis et dépréciés sur plusieurs années.
Ce guide pédagogique explique la méthode d’amortissement par composants applicable aux frais de notaire en LMNP.
L’objectif est d’éclairer le propriétaire bailleur sur les avantages fiscaux, comptables et pratiques de cette méthode, dans un langage clair et professionnel.
Comprendre les frais de notaire en LMNP
Les frais de notaire, aussi appelés frais d’acquisition, correspondent aux frais payés lors de l’achat d’un bien immobilier.
Contrairement à ce que leur nom suggère, ils incluent principalement des taxes pour l’État et les collectivités, en plus de la rémunération du notaire.
Ces frais s’appliquent sur le prix de vente du bien (hors mobilier si le logement est vendu meublé avec un inventaire).
Composition des frais de notaire :
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Droits de mutation (taxe de publicité foncière et autres taxes au profit de l’État/collectivités).
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Émoluments du notaire (sa rémunération pour l’acte).
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Débours et frais divers (frais administratifs, documents, formalités payés par le notaire).
Ces montants, bien que payés lors de l’achat, peuvent être intégrés au coût d’acquisition du bien en comptabilité.
En régime LMNP, le propriétaire a la possibilité d’amortir ces frais sur plusieurs années, plutôt que de les déduire en une seule fois.
Nous verrons dans les sections suivantes comment l’amortissement des frais de notaire fonctionne, notamment via la méthode par composants.
Comment amortir les frais de notaire par composants ?
En régime réel LMNP, le prix d’achat du bien (hors terrain) est amorti par composant, c’est-à-dire que chaque grande composante de l’immeuble est dépréciée sur sa propre durée de vie utile.
Les frais de notaire (ainsi que éventuellement les frais d’agence si ils sont à la charge de l'acquereur) sont considérés comme partie intégrante du coût d’acquisition et suivent le même traitement : ils sont répartis sur les différents composants et amortis avec ceux-ci. Par souci de simplification, vous trouverez ci-dessous la formule pour réaliser la moyenne pondérée des composants et ainsi connaitre la durée d'amortissement des frais de notaire.
Attention : Les frais de notaire sont amortissables seulement si l'activité LMNP a débuté la même année que l'achat.
Concrètement, la démarche est la suivante :
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Estimer la valeur du terrain : on commence par distinguer la valeur du terrain (non amortissable) de celle du bâti. Par exemple, si le terrain représente 15% du prix total, alors 85% du prix correspond au bâti amortissable.
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Découper le bâti en composants : on identifie les différentes catégories d’éléments du bien (structure, toiture, installations techniques, agencements intérieurs, etc.) et on attribue une part de la valeur à chacune. Par exemple, la structure (gros œuvre) peut représenter ~50% de la valeur du bâti, la toiture 10%, les installations (plomberie, électricité, chauffage) 15%, etc., jusqu’à couvrir 100% de la valeur du bâti.
- Appliquer la méthode de la moyenne pondérée pour obtenir la durée sur laquelle amortir les frais de notaire
Comment appliquer la moyenne pondérée aux frais de notaire ?
Une fois la durée moyenne pondérée d’amortissement du bien calculée, on peut l’appliquer directement aux frais de notaire pour déterminer leur durée d’amortissement comptable. En effet, ces frais suivent la logique globale de dépréciation du bâti et ne sont pas ventilés composant par composant. Voici un exemple illustratif :
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Supposons un bien acquis pour 300 000 € (hors mobilier), avec 15 % de terrain, soit une base amortissable de 255 000 €.
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Ce bâti est ventilé comme suit :
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Gros œuvre : 40 % sur 70 ans → 102 000 €
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Réseaux (électricité, plomberie, chauffage) : 30 % sur 30 ans → 76 500 €
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Aménagements intérieurs : 20 % sur 15 ans → 51 000 €
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Toiture : 10 % sur 25 ans → 25 500 €
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On calcule alors la durée moyenne pondérée :
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(0,40 × 70) + (0,30 × 30) + (0,20 × 15) + (0,10 × 25)
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= 28 + 9 + 3 + 2,5 = 42,5 ans
👉 Dans ce cas, les frais de notaire (par exemple 22 000 €) seront amortis sur 42,5 ans, soit environ 517 € par an en charge comptable.
Ce mécanisme permet d’étaler les frais de notaire sur la durée économique réelle du bien, tout en conservant une approche simple et cohérente avec la logique de l’amortissement par composants.
A noter : Pour un calcul precis de vos frais de notaire, vous pouvez vous rendre sur le site ANIL https://www.anil.org
Avantages de l’amortissement par composants en LMNP
L'amortissement par composant (méthode comptable obligatoire en meublé) des frais de notaire (et du bien immobilier) offre plusieurs avantages importants :
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Optimisation fiscale : L’amortissement réduit significativement le revenu imposable. Dans de nombreux cas, les loyers imposables sont ramenés près de zéro, ce qui évite l’impôt sur le revenu locatif pendant de longues années.
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Charges non décaissées : L’amortissement est une charge comptable, sans sortie de trésorerie. Le bailleur conserve sa liquidité tout en profitant d’une déduction fiscale, ce qui améliore la rentabilité nette de l’investissement.
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Report indéfini des amortissements : Si l’amortissement génère un résultat fiscal négatif, ce déficit d’amortissement n’est pas perdu. Il n’est pas imputable sur d’autres revenus du foyer, mais il se reporte sans limite de temps sur les futurs profits de même nature. Ainsi, même si les premières années d’activité sont déficitaires (comptablement), les amortissements non utilisés serviront à neutraliser les revenus imposables des années bénéficiaires suivantes.
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Flexibilité comptable : Le propriétaire LMNP a le choix de passer les frais de notaire en charge dès l’année d’acquisition ou de les amortir. La plupart du temps, l’amortissement est privilégié pour lisser l’impact sur plusieurs années et ne pas « gaspiller » une déduction inutilisable la première année.
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Conformité et précision : La méthode par composants est alignée sur les règles comptables générales (inspirées des normes IFRS) et reflète mieux la réalité économique de la dépréciation du bien. En cas de contrôle fiscal, une répartition cohérente en composants et des durées justifiées donnent de la crédibilité au bilan comptable du bailleur.
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Gestion sur le long terme : En décomposant le bien, le bailleur peut mieux suivre la valeur résiduelle de chaque partie. Lors de travaux importants (par exemple, rénovation de toiture ou de chaudière), il est possible d’arrêter l’amortissement de l’ancien composant remplacé et de commencer un nouvel amortissement pour le composant neuf. Cela évite de continuer à amortir un élément qui n’existe plus et permet de profiter de l’amortissement du nouvel investissement immédiatement.
FAQ - Comment amortir les frais de notaire en LMNP/LMP
Q : Les frais de notaire sont-ils vraiment amortissables en LMNP ?
R : Oui, à condition d’être au régime réel et que le bien soit loué en meublé dès son acquisition. Dans ce cadre, les frais d’acquisition (notaire, éventuels frais d’agence) sont intégrés au plan d’amortissement du bien immobilier. En revanche, en micro-BIC, il n’est pas possible d’amortir ces frais.
Q : Sur quelle durée peut-on amortir les frais de notaire ?
R : Les frais de notaire, lorsqu’ils sont immobilisés, suivent la même durée d’amortissement que le bien lui-même. En pratique, cela correspond à la durée moyenne pondérée du plan d’amortissement par composants du bâti (typiquement entre 25 et 40 ans selon la nature du bien). Par exemple, si le bâtiment est amorti sur 30 ans en moyenne, les frais de notaire seront également amortis sur 30 ans.
Q : Vaut-il mieux amortir les frais de notaire ou les déduire en une fois ?
R : La décision dépend de la situation fiscale. En général, si l’amortissement du bien suffit déjà à neutraliser les loyers (résultat déficitaire ou nul), il est préférable d’amortir les frais de notaire. Cela évite de créer un déficit fiscal non utilisé la première année (les déficits hors amortissements étant reportables 10 ans maximum). En revanche, si sans ces frais le résultat serait positivement imposable, les passer en charge dès la première année peut générer un déficit qui viendra compenser les profits des années suivantes.
Q : Peut-on amortir les frais de notaire en régime micro-BIC ?
R : Non. Le micro-BIC applique un abattement forfaitaire sur les loyers (50% ou 71%) en lieu et place des charges réelles. Il ne permet donc ni de déduire directement les frais de notaire, ni de les amortir. Pour déduire ces frais, il faut opter pour le régime réel.
Q : Que se passe-t-il si l’amortissement dépasse le montant des loyers ?
R : L’amortissement ne peut pas créer ou accentuer un déficit fiscal au-delà de zéro. En clair, l’amortissement s’impute uniquement à hauteur du montant nécessaire pour ramener le résultat à zéro. La fraction d’amortissement non déduite (car excédentaire) est mise en réserve et pourra être déduite les années suivantes (sans limite de temps) dès que le résultat repasse en positif.
Q : L’amortissement des frais de notaire a-t-il un impact sur la plus-value à la revente ?
R : Jusqu’en 2024, la réponse était non : la plus-value immobilière privée était calculée sans tenir compte des amortissements pratiqués en LMNP. Cependant, la loi de finances pour 2025 a modifié les règles : désormais, les amortissements déduits sont réintégrés dans le calcul de la plus-value imposable lors de la vente. Autrement dit, ils viennent diminuer le prix d’acquisition retenu pour le calcul de la plus-value, ce qui augmente l’assiette imposable. Cette réforme réduit partiellement l’avantage fiscal à la sortie, mais n’enlève rien aux économies d’impôt réalisées pendant la détention du bien.
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Kévin
Expert en fiscalité immobilière
Clément
Expert en défiscalisation