Sommaire de l'article
- Comprendre l’amortissement en LMNP et son intérêt
- Régime réel simplifié : indispensable pour amortir en LMNP
- Amortir un bien LMNP par composants : quelles durées choisir ?
- Comment optimiser la durée d’amortissement ?
- Réforme 2025 et impact sur la plus-value immobilière
- Exemple de calcul concret d’amortissement LMNP
- Erreurs fréquentes à éviter
- Maîtriser les durées d’amortissement : la clé d’une fiscalité LMNP gagnante
- Foire aux questions
L’amortissement en location meublée non professionnelle (LMNP) est l’un des avantages fiscaux les plus puissants pour l’investisseur immobilier. Ce mécanisme comptable permet de déduire chaque année une perte de valeur théorique de votre bien – sans aucune sortie d’argent – afin de diminuer fortement, voire d’annuler, vos revenus locatifs imposables. Résultat : vous pouvez générer des loyers défiscalisés en optimisant la rentabilité de votre investissement immobilier. Encore faut-il comprendre comment choisir les bonnes durées d’amortissement pour chaque composant de votre bien, car la fiscalité évolue et des erreurs peuvent coûter cher. Dans cet article ultra-complet à jour 2025, nous vous expliquons comment amortir un bien en LMNP (régime réel obligatoire), sur combien d’années amortir chaque élément (structure, toiture, installations, mobilier…), comment optimiser la durée selon votre stratégie, avec un exemple chiffré et des conseils pour éviter les pièges.
Plongeons sans plus attendre dans le sujet pour faire de l’amortissement LMNP un allié de votre succès locatif !
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Comprendre l’amortissement en LMNP et son intérêt
Qu’est-ce que l’amortissement LMNP ?
C’est la constatation comptable de la dépréciation de votre bien immobilier et du mobilier, liée à l’usure et au temps. Autrement dit, on estime que le logement meublé « s’use » chaque année et l’on en déduit la perte de valeur comme une charge de l’activité. Concrètement, cette charge fictive vient réduire le résultat imposable de vos loyers, pouvant le ramener à zéro et ainsi annuler l’impôt sur les revenus locatifs. C’est un avantage fiscal majeur du statut LMNP au régime réel : bien utilisé, l’amortissement permet de ne pas payer d’impôt sur vos loyers pendant de longues années, sans pour autant impacter votre trésorerie (vous continuez à encaisser vos loyers normalement). En combinant amortissements et autres charges déductibles, de nombreux propriétaires LMNP parviennent à neutraliser la fiscalité sur leurs revenus locatifs.
Pourquoi est-ce intéressant ?
Parce que cela améliore nettement la rentabilité nette de votre investissement. L’amortissement est une charge « non décaissée » : vous n’avez pas à sortir un euro de plus, mais vous économisez des impôts chaque année.
Par exemple, si vos loyers annuels sont de 10 000 € et que vous pouvez amortir 8 000 € par an, vous n’êtes imposé que sur 2 000 € de bénéfice (et même 0 € si d’autres charges complètent l’amortissement).
Au taux marginal d’imposition + prélèvements sociaux, l’économie réalisée peut représenter plusieurs milliers d’euros par an. Sur la durée, c’est un outil de défiscalisation immobilière particulièrement efficace pour optimiser la rentabilité en location meublée.
Limites de l’amortissement à connaître
L’amortissement en LMNP ne peut pas créer de déficit fiscal reportable sur vos autres revenus. En effet, on ne peut déduire l’amortissement que jusqu’à ramener le résultat locatif à zéro, pas en dessous. Si, une année, vos amortissements dépassent le bénéfice disponible (après déduction des charges courantes), l’excédent n’est pas perdu : il est simplement mis en « réserve d’amortissement » pour être utilisé les années suivantes, sans limite de temps. Ce mécanisme permet de lisser l’avantage et de toujours en profiter ultérieurement. Par ailleurs, l’amortissement concerne uniquement le bâti, le mobilier et certains travaux, jamais le terrain (qui ne se déprécie pas). C’est pourquoi il faudra toujours soustraire la valeur du terrain de votre base amortissable. Nous verrons plus loin comment déterminer cette ventilation et quelles durées appliquer à chaque composant de votre bien.
Régime réel simplifié : indispensable pour amortir en LMNP
Pour bénéficier de l’amortissement en LMNP, vous devez obligatoirement être au régime réel (régime réel simplifié, plus précisément). Le régime micro-BIC – qui s’applique par défaut sous un certain seuil de revenus – ne permet pas de déduire d’amortissement, car il pratique un abattement forfaitaire unique sur les loyers (50 % généralement). Dès lors que l’on souhaite optimiser sa fiscalité au-delà de cet abattement, le régime réel devient incontournable. D’ailleurs, si vos recettes annuelles dépassent 77 700 € (seuil 2023/2024 pour les locations meublées classiques), le régime réel s’applique de plein droit. Mais même en dessous, opter pour le réel est souvent plus intéressant dès que vos charges effectives (intérêts d’emprunt, travaux, frais, etc.) + amortissements dépassent l’abattement du micro. En pratique, c’est le cas pour la plupart des investisseurs en meublé qui ont financé à crédit ou engagé des dépenses conséquentes.
Le régime réel simplifié implique de tenir une comptabilité et de déclarer chaque année le résultat via une liasse fiscale (formulaire 2031 et annexes). Cela peut sembler contraignant, mais les avantages fiscaux à la clé en valent la peine. Seul le régime réel permet de déduire toutes les charges réelles ainsi que l’amortissement du bien, du mobilier et des travaux. À l’inverse, rester en micro-BIC vous ferait passer à côté de la déduction des amortissements LMNP. Retenez donc bien que l’amortissement LMNP = régime réel. Il conviendra d’opter pour ce régime dès la première année de mise en location (l’option se fait en même temps que la déclaration de début d’activité, ou au plus tard avant le 1er février de l’année suivante auprès du service des impôts). Ne pas effectuer cette option à temps est une erreur fréquente qui vous priverait de cet avantage au moins pour une année fiscale.
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Amortir un bien LMNP par composants : quelles durées choisir ?
Au régime réel, l’amortissement d’un bien immobilier ne se fait pas en bloc sur une durée standard, mais par composants. Depuis quelques années, l’administration fiscale exige en effet de ventiler le bien en plusieurs composants avec des durées d’amortissement propres à chacun. Cette méthode tient compte de la durée d’utilisation normale de chaque élément du logement : un toit ne s’use pas au même rythme qu’une chaudière ou qu’une table, par exemple. Amortir par composants consiste donc à décomposer la valeur du bien (hors terrain) en différentes catégories : le bâti, les installations techniques, les aménagements intérieurs, le mobilier, etc., chacun représentant une quote-part du prix et s’amortissant sur un nombre d’années déterminé.
Pourquoi cette décomposition ?
D’une part, parce que la loi (Plan Comptable Général, art. 311-2) l’impose afin de refléter au mieux la réalité économique ; d’autre part, parce que cela permet d’optimiser vos amortissements. En affectant une durée plus courte aux éléments qui s’usent vite (ex : meubles sur 5 à 10 ans) et une durée longue à la structure du bâtiment (qui peut “vivre” 50 ans et plus), vous maximisez la déduction fiscale là où c’est pertinent tout en restant cohérent.
Attention :
On ne choisit pas n’importe quelles durées arbitrairement. Il faut respecter les usages fiscaux sous peine de redressement.
Alors, quelles durées d’amortissement choisir pour chaque composant en LMNP ? Voici les repères généralement admis en 2025.
Le bâti (structure, toiture, étanchéité…)
Le bâti correspond aux composantes structurelles et enveloppes du bâtiment : gros œuvre (fondations, murs, planchers…), toiture, charpente, façade, étanchéité, etc. Ce sont des éléments de long terme, dont la durée de vie est très élevée. La structure (gros œuvre) s’amortit sur une durée très longue – on parle souvent de 40 ans au minimum, et jusqu’à 75 ans pour un bâtiment neuf ou en excellent état. Autrement dit, vous pouvez ventiler environ la moitié de la valeur du bien sur 40 à 75 ans sans problème. Ces chiffres peuvent être inférieurs pour des biens en très mauvais état.
Les autres composantes du bâti ont des durées plus courtes que la structure, mais cela reste du long terme par rapport aux équipements intérieurs. La toiture, par exemple, se remplace périodiquement : sa durée d’amortissement courante est d’environ 20 à 35 ans. Idem pour l’étanchéité des terrasses ou toits plats, souvent alignée sur ~25 ans.
À noter que certains éléments comme un ascenseur dans l’immeuble sont assimilés à des équipements techniques (durée ~15 ans).
Les aménagements intérieurs et installations techniques
Les aménagements intérieurs regroupent tout ce qui est aménagement du logement hors gros œuvre : cloisons, menuiseries intérieures, revêtements de sol, faux-plafonds, peintures, cuisines intégrées, salles de bain, etc. Ces postes s’usent plus vite que le bâti, mais ont tout de même une durée significative. On constate généralement des durées d’amortissement autour de 10 à 15 ans pour les agencements intérieurs courants (parfois jusqu’à 20 ans pour des matériaux très durables).
Par exemple, une cuisine équipée ou des placards sur mesure pourront s’amortir sur ~10 ans, un parquet massif ou des fenêtres intérieures sur 15 ans, etc. L’administration suggère fréquemment une base de 15 ans pour les aménagements intérieurs dans les locations meublées.
Les installations techniques incluent la plomberie, le chauffage, l’électricité, la ventilation… bref, tous les équipements fonctionnels du bâti. Leur durée d’amortissement typique se situe en fourchette intermédiaire, souvent entre 15 et 30 ans suivant la nature de l’installation.
Le mobilier et l’électroménager
Le mobilier et les équipements électroménagers constituent la partie « meuble » de la location meublée. Par nature, ce sont des éléments à durée de vie courte par rapport à l’immobilier. Les règles fiscales imposent d’immobiliser (amortir) les biens d’équipement d’une valeur unitaire supérieure à 600 € TTC – en dessous, on peut passer en charge directement les petits objets et renouvellements. Pour le gros du mobilier initial (lit, canapé, table, armoires, électroménager, etc.), on va appliquer des durées d’amortissement de l’ordre de 5 à 10 ans en moyenne.
Dans le détail, cela peut varier selon le type de bien : l’électroménager (frigo, four, lave-linge…) s’amortit souvent sur 5 à 7 ans, la literie sur ~6 ans, les appareils électroniques (TV, ordinateur) sur ~3 à 5 ans, et les meubles en bois (table, armoire, canapé) plutôt sur 10 ans. Du mobilier haut de gamme ou très solide pourrait aller jusqu’à 10 ans, tandis qu’un canapé basique pourrait être mis sur 5 ans si on estime qu’il faudra le changer fréquemment. La moyenne généralement retenue pour l’ensemble du mobilier d’un logement est 5 ans, mais il est tout à fait acceptable de panacher (certains éléments en 5 ans, d’autres en 7 ou 10 ans) en justifiant de leur nature. L’objectif est de coller à la durée de vie effective : l’amortissement doit permettre, en théorie, de renouveler le bien une fois la période écoulée.
Résumé des durées d’amortissement par composant
Composant |
Durée d’amortissement typique |
Structure (gros œuvre) |
45 à 75 ans (très long terme) |
Toiture / Étanchéité |
~25 ans (long terme) |
Façade / Extérieurs |
~15 à 20 ans (moyen/long terme) |
Installations techniques |
~15 à 30 ans (moyen terme) |
Aménagements intérieurs |
~10 à 20 ans (moyen terme) |
Mobilier & Électroménager |
~5 à 10 ans (court terme) |
Comment optimiser la durée d’amortissement ?
Maintenant que nous avons les références de durées pour chaque type de composant, se pose la question de l’optimisation. Faut-il choisir plutôt le bas ou le haut de la fourchette ? Une durée plus courte permet d’amortir davantage chaque année (donc de réduire plus vite vos revenus imposables), mais d’un autre côté, cela épuise l’amortissement plus tôt et peut augmenter l’imposition lors de la revente (nous y reviendrons avec la réforme 2025). Le choix doit donc tenir compte de votre stratégie d’investissement : court terme (revente rapide) ou long terme (conservation du bien).
Investissement court terme (revente sous 5-10 ans)
Si vous envisagez de vendre le bien après quelques années, sachez que depuis 2025, les amortissements déduits vont majorer la plus-value imposable à la revente. Autrement dit, l’avantage fiscal que vous avez eu pendant l’exploitation sera en partie « rattrapé » par l’imposition de la plus-value. Dans ce cas, amortir très vite n’est pas forcément gagnant à 100 % sur le long terme, car tout ce que vous aurez déduit viendra augmenter d’autant votre plus-value taxable. Pour un horizon de revente court, il peut être judicieux de rester sur des durées d’amortissement plutôt longues (dans la fourchette haute des valeurs normales) de façon à ne pas trop diminuer la valeur comptable du bien avant la vente.
Investissement à long terme (conservation 15, 20, 30 ans…)
Si vous comptez garder le bien longtemps, voire indéfiniment, l’optimisation est différente. D’abord, plus vous détenez le bien longtemps, plus les amortissements cumulés seront absorbés par les abattements pour durée de détention sur la plus-value. En effet, en LMNP (régime des particuliers), la plus-value immobilière bénéficie d’un abattement progressif à partir de la 6e année de détention (exonération totale d’impôt sur la plus-value au bout de 22 ans, et de prélèvements sociaux au bout de 30 ans). Autrement dit, si vous gardez le logement plus de 22-30 ans, la plus-value (y compris la part due aux amortissements) ne sera plus taxée du tout. Dans ce contexte, amortir le plus rapidement possible redevient très avantageux, puisque vous profitez à plein des économies d’impôts annuelles, et qu’au moment de la revente l’impact sera nul ou très atténué. Même sur 15 ans, déjà 50 % de la plus-value environ sera exonérée d’impôt, réduisant d’autant le « remboursement » des amortissements.
Par conséquent, pour un investisseur long terme, il est conseillé de privilégier des durées plutôt courtes (dans la fourchette basse raisonnable) afin de maximiser l’économie d’impôt immédiate.
Par exemple, amortir les installations techniques sur 15 ans au lieu de 25 ans, le mobilier sur 5 ans au lieu de 10, etc., de sorte à utiliser un maximum d'amortissements pendant la phase de détention.
En résumé, durée courte = avantage fiscal maximal chaque année, mais attention à la revente si elle est proche, et durée longue = avantage fiscal plus modéré chaque année, mais plus-value future allégée. L’idéal est de calibrer vos durées d’amortissement en fonction de votre horizon de détention et de vos objectifs. Attention de toujours rester cohérents en fixant les durées d'amortissement. Et n’oubliez pas : si finalement vous ne vendez pas ou transmettez le bien à vos enfants, les amortissements non utilisés ne seront jamais repris (en cas de transmission gratuite, la plus-value n’est pas imposable). Cela milite plutôt pour amortir généreusement lorsque c’est possible, car personne ne viendra vous réclamer ces économies d’impôts dans ce cas !
Réforme 2025 et impact sur la plus-value immobilière
La loi de finances 2025 est venue modifier un paramètre crucial de la fiscalité LMNP : la prise en compte des amortissements dans le calcul de la plus-value. Jusqu’à fin 2024, il existait en effet une « anomalie fiscale » très avantageuse pour les loueurs en meublé : les amortissements pratiqués n’étaient pas déduits du prix d’achat pour calculer la plus-value. Concrètement, vous pouviez amortir votre bien pendant des années et, au moment de la vente, faire comme si sa valeur comptable n’avait pas bougé – la plus-value se calculait sur le prix d’achat initial. Ceci permettait de cumuler défiscalisation des loyers et exonération quasi intégrale de cette défiscalisation lors de la revente, grâce aux abattements pour durée de détention. Autant dire que le mécanisme était extrêmement favorable aux investisseurs, et l’administration y a mis un terme.
Depuis 2025, les amortissements sont réintégrés dans le calcul de la plus-value imposable en cas de vente du bien LMNP. Autrement dit, la plus-value est désormais calculée entre le prix de vente et la valeur nette comptable du bien (valeur d’achat diminuée des amortissements pratiqués). Cette mesure s’applique pour les ventes réalisées à partir de 2025. Seule exception : en cas de transmission à titre gratuit (donation ou succession, par exemple à vos enfants), on ne tient pas compte des amortissements – ils ne seront pas repris dans la plus-value, puisque celle-ci n’est de toute façon pas imposable dans le cadre d’une transmission gratuite. Pour les ventes classiques, en revanche, c’est bel et bien la fin de la « double niche » fiscale.
Quel sera l’impact concret ?
Pour ceux qui ont amorti beaucoup, la plus-value imposable sera plus élevée qu’auparavant, puisque le prix d’acquisition retenu est plus faible. Néanmoins, le législateur souligne un impact modéré, car les amortissements réintégrés profitent malgré tout des abattements pour durée de détention comme le reste de la plus-value. En pratique, si vous vendez après 15 ans, une bonne partie des amortissements que vous aviez déduits sera couverte par les abattements (50 % d’abattement sur l’impôt à 15 ans de détention, par exemple). Et au-delà de 22 ans, rappelons-le, la plus-value (donc y compris la réintégration des amortissements) est totalement exonérée d’impôt sur le revenu, et après 30 ans elle l’est aussi de prélèvements sociaux. Ainsi, l’effet de cette réforme se fera surtout sentir pour les reventes à court terme ou moyen terme. Un investisseur qui revend au bout de 5 ans verra sa plus-value augmentée du montant des amortissements pratiqués, sans abattement pour la réduire – il paiera donc davantage d’impôts qu’auparavant, c’est certain. À l’inverse, un investisseur long terme ne sera que peu ou pas affecté, car l’imposition de sa plus-value restera nulle ou faible.
Faut-il arrêter d’amortir pour autant ?
Sûrement pas ! Même avec cette « reprise » à la revente, l’amortissement LMNP continue de procurer un avantage de trésorerie immédiat et une optimisation fiscale annuelle très importante. C’est un levier de rentabilité qu’il serait dommage de ne pas actionner. Il convient simplement d’en avoir conscience et d’ajuster ses choix (durées d’amortissement, stratégie de détention) comme expliqué dans la section précédente. En clair, la loi de finances 2025 remet les pendules à l’heure côté plus-value, mais le régime LMNP réel reste extrêmement attractif fiscalement, surtout sur le long terme où l’impact final de l’amortissement reste atténué.
Exemple de calcul concret d’amortissement LMNP
Pour bien illustrer le mécanisme de l’amortissement par composants, prenons un exemple chiffré. Supposons l’achat d’un appartement ancien à 200 000 €, que vous destinez à la location meublée. Dans ce prix, il faut estimer la part du terrain (non amortissable) – disons 20 % de terrain (40 000 €) et 80 % de bâtiment amortissable (160 000 €). Vous meublez le logement avec un budget de 10 000 € (équipements électroménagers et meubles divers). Vous optez pour le régime réel et allez donc amortir le bien par composants. Comment ventiler ces valeurs et quelles durées d’amortissement appliquer ? Voici un tableau de ventilation possible :
Composant |
Part du prix (total) |
Montant amortissable |
Durée d’amort. |
Amort. annuel |
Structure (gros œuvre) |
40 % |
80 000 € |
50 ans |
1 600 € |
Toiture |
8 % |
16 000 € |
25 ans |
640 € |
Façade extérieure |
8 % |
16 000 € |
20 ans |
800 € |
Installations techniques |
12 % |
24 000 € |
20 ans |
1 200 € |
Aménagements intérieurs |
12 % |
24 000 € |
15 ans |
1 600 € |
Total bâtiment amortissable |
80 % |
160 000 € |
(variable) |
5 840 € |
Mobilier & électroménager (achat séparé) |
N/A |
10 000 € |
7 ans |
1 429 € |
Total amortissements annuels |
|
|
|
7 269 € |
Dans cet exemple simplifié, nous avons ventilé la valeur du bien immobilier hors terrain en 5 composantes principales (structure, toiture, façade, installations, intérieurs) avec des durées d’amortissement réalistes pour chacune. Le mobilier et les équipements sont amortis à part sur 7 ans. Chaque année, vous pourrez donc déduire environ 7 269 € de vos revenus locatifs grâce à ces amortissements. Si vos loyers annuels s’élèvent par exemple à 8 000 €, votre résultat imposable serait quasiment nul après amortissement (8 000 – 7 269 ≈ 731 €, montant qui peut être en plus absorbé par d’autres charges déductibles). Vous ne payeriez alors que très peu d’impôts, voire pas du tout, sur vos loyers. Et si vos amortissements dépassent vos loyers imposables, le surplus sera reporté sur les exercices suivants comme expliqué plus haut. Ce levier fiscal vous permet ainsi d’améliorer significativement la rentabilité de votre opération dès les premières années.
Naturellement, les chiffres varient selon chaque bien : la part du terrain peut être de 10 % seulement en zone rurale (90 % amortissable) ou 30 % en hypercentre (70 % amortissable), les pourcentages affectés à chaque composant peuvent différer (un appartement neuf aura une toiture ne représentant que ~10 % du coût total, tandis qu’une maison individuelle peut avoir 15 % en toiture, etc.), et les durées s’adaptent à l’état et à la nature des matériaux. Il ne s’agit donc que d’un exemple. L’important est de respecter les ordres de grandeur (ne pas oublier un composant majeur, ni lui affecter une durée aberrante). En cas de doute, n’hésitez pas à vous faire accompagner pour établir ce tableau de ventilation : c’est un document qui restera dans votre comptabilité LMNP et servira de base à vos déductions pendant de longues années, il doit être fait sérieusement.
Erreurs fréquentes à éviter
Bien que le principe de l’amortissement LMNP semble simple sur le papier, de nombreuses erreurs peuvent se glisser lors de sa mise en œuvre. Voici les pièges fréquents à éviter pour optimiser en toute sécurité.
Oublier de retirer le terrain du calcul
Le terrain n’étant pas amortissable, il faut impérativement estimer sa valeur et le soustraire du prix amortissable. Ne pas le faire (par ignorance ou négligence) est une erreur lourde de conséquences, car l’administration pourrait remettre en cause tout l’amortissement pratiqué. Renseignez-vous sur la part de terrain selon l’emplacement (ex. 10-20 % du prix en moyenne) et justifiez-la éventuellement avec des sources (avis de valeur, références fiscales locales) pour sécuriser votre ventilation.
Ne pas amortir par composants
Déduire l’immeuble en un seul bloc (ex. 80 % du bien sur 30 ans uniformément) n’est plus admis fiscalement. Il faut détailler par catégories d’éléments avec des durées différentes. Ne pas le faire peut entraîner un refus de l’avantage fiscal en cas de contrôle. Utilisez le principe du « poste par poste » comme vu plus haut, même si cela demande un peu plus de travail.
Immobiliser à tort ou passer en charge à tort
Bien distinguer les dépenses à amortir de celles à déduire en charges immédiatement. Par exemple, tout achat de mobilier > 600 € doit être immobilisé et amorti, alors qu’un petit micro-onde à 100 € peut passer en charges (entretien/renouvellement).
De même, des travaux d’amélioration importants (ex. rénovation complète d’une salle de bain) sont à comptabiliser en immobilisation amortissable sur 10-15 ans, et non en charges immédiates, car ils prolongent la vie du bien. À l’inverse, des frais d’entretien courants restent en charges. Mal classifier une dépense peut fausser votre comptabilité et votre avantage fiscal.
Penser que l’amortissement crée du déficit imputable
Comme expliqué, l’amortissement LMNP est plafonné par vos recettes. Vous ne pouvez pas générer de déficit foncier reportable sur vos autres revenus avec de l’amortissement (contrairement à certains travaux en location nue par exemple). Le surplus d’amortissement est mis en réserve pour plus tard. Il serait donc erroné de croire que vous pouvez, via l’amortissement, réduire vos impôts sur le salaire ou d’autres sources : ce mécanisme ne réduit que l’impôt sur les loyers LMNP (ce qui est déjà excellent). Gardez bien cette distinction en tête pour éviter toute déconvenue.
Négliger l’impact de la revente
Avant 2025, on pouvait amortir sans se soucier de la plus-value. Désormais, les amortissements diminuent le prix d’acquisition retenu en cas de vente. L’erreur serait de l’ignorer. Si vous pensez revendre vite, adaptez vos durées (comme vu dans la partie optimisation) ou au moins anticipez la fiscalité pour éviter les mauvaises surprises. L’amortissement reste gagnant, mais intégrez dans votre calcul de rendement la possible « récupération » d’une partie de cet avantage lors de la cession du bien.
Se passer d’accompagnement alors qu’on n’est pas sûr
Enfin, une erreur courante est de vouloir tout faire soi-même sans être absolument au point sur la compta LMNP. Cela peut fonctionner, mais le diable est dans les détails : une case mal remplie, un amortissement mal calculé, et vous pouvez perdre l’avantage ou devoir régulariser plus tard. Si vous n’êtes pas à l’aise, faites-vous aider – soit ponctuellement pour mettre en place le tableau d’amortissement, soit de manière récurrente pour gérer votre liasse fiscale annuelle. Les honoraires d’un professionnel ou le coût d’un outil spécialisé seront largement compensés par la sérénité et le temps gagné, ainsi que par l’optimisation maximale dans les règles.
Maîtriser les durées d’amortissement : la clé d’une fiscalité LMNP gagnante
L’amortissement en LMNP est un outil formidable pour réduire l’imposition de vos revenus locatifs, au point que beaucoup de propriétaires meublés ne paient quasiment aucun impôt sur leurs loyers pendant de nombreuses années. Pour en tirer le meilleur parti, il faut cependant respecter quelques principes clés : opter pour le régime réel (indispensable pour amortir), ventiler le bien par composants en attribuant à chaque élément une durée d’amortissement cohérente (structure sur des décennies, meubles sur quelques années, etc.), et ajuster votre stratégie en fonction de votre horizon de détention (amortir plus vite si vous gardez le bien longtemps, ou plus prudemment si vous revendez rapidement, compte tenu de la nouvelle fiscalité 2025 sur la plus-value). Nous avons vu qu’il existe des fourchettes de durées recommandées pour chaque catégorie de poste – en les suivant, vous resterez dans les clous tout en optimisant votre avantage. L’exemple chiffré montre comment, concrètement, l’amortissement par composants peut annuler la fiscalité sur 80-90 % de vos loyers, ce qui booste significativement votre rendement net.
Attention :
Nous le rappelons, n’amortissez pas le terrain, ne faites pas d’amortissement “global” approximatif, ne choisissez pas des durées farfelues, et ne vous trompez pas entre charges et immobilisations. La comptabilité LMNP exige de la rigueur, mais des solutions existent pour vous faciliter la vie.
En 2025 et au-delà, le régime LMNP (même légèrement ajusté sur la plus-value) demeure l’un des meilleurs moyens d’investir dans l’immobilier locatif en réduisant l’impôt. En comprenant bien le fonctionnement des amortissements et en appliquant les bonnes durées, vous mettez toutes les chances de votre côté pour faire de votre projet une réussite financière. Quelles que soient vos durées d’amortissement choisies, l’important est de piloter votre investissement de façon éclairée – et nous espérons que cet article vous y aura aidé.
Foire aux questions
Les réponses rapides aux questions les plus posées.
Peut-on réviser la durée d’un composant en cours de location ?
Oui, si vous réalisez des travaux majeurs qui prolongent réellement la durée de vie d’un élément (ex : réfection complète de toiture). Vous établissez alors un nouveau composant “toiture rénovée” amorti sur sa nouvelle durée utile à partir de la date des travaux ; la dotation initiale s’arrête au jour du remplacement.
Les frais de notaire et d’agence sont-ils amortissables ?
Vous pouvez soit les déduire en charges immédiatement l’année de l’acquisition, soit les immobiliser et les amortir sur cinq ans. La seconde option lisse la charge dans le temps et évite de “gaspiller” un déficit non imputable si vos loyers sont déjà couverts par les amortissements du bâti.
Que se passe-t-il si les loyers baissent fortement une année ?
Si vos loyers deviennent inférieurs aux amortissements disponibles, la dotation est plafonnée pour ramener le résultat fiscal à zéro. L’amortissement non utilisé est automatiquement reporté sans limite de durée ; il sera repris dès que les loyers redeviendront suffisants, sans perte pour vous.
Comment amortir un bien acheté en indivision ou via une SCI à l’IR ?
Le principe reste identique : chaque indivisaire ou associé déclare sa quote-part de loyers, charges et amortissements dans sa déclaration personnelle. Le tableau d’amortissement est tenu au nom de l’indivision ou de la SCI, puis ventilé proportionnellement aux parts.
Besoin d’aide ? 03 74 47 20 18
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Kévin
Expert en fiscalité immobilière
Clément
Expert en défiscalisation