Sommaire de l'article
- Obligations du bailleur en location meublée (mobilier obligatoire)
- Droits du locataire vs. droits du bailleur (refus ou retrait des meubles)
- Que faire face au refus des meubles ? – Solutions pratiques pour le bailleur
- Risques de requalification du bail meublé en bail nu
- FAQ – Refus de mobilier en location meublée
Vous louez un logement meublé (statut LMNP ou LMP) et votre locataire refuse tout ou une partie des meubles fournis ? Cette situation délicate soulève des questions juridiques et fiscales importantes. En France, une location meublée doit respecter des obligations précises en matière de mobilier. Le refus des meubles par le locataire peut mettre en péril la qualification meublée du bail et les avantages qui y sont associés. Dans cet article neutre et professionnel, nous allons droit au but : obligations du bailleur, droits du locataire, jurisprudence récente, risques de requalification du bail en nu, impacts sur le statut LMNP/LMP, démarches possibles (avenant, inventaire) et solutions pratiques. Objectif : vous aider à gérer efficacement ce refus de mobilier tout en préservant vos intérêts de bailleur.
Obligations du bailleur en location meublée (mobilier obligatoire)
Pour être qualifié de logement meublé, un bien loué doit contenir un ensemble de meubles et équipements indispensables. La loi ALUR de 2014 a défini le logement meublé comme « un logement décent équipé d’un mobilier en nombre et en qualité suffisants pour permettre au locataire d’y dormir, manger et vivre convenablement au regard des exigences de la vie courante ». Un décret du 31 juillet 2015 précise la liste des 11 équipements obligatoires qu’un bailleur doit fournir au minimum, sous peine de perdre la qualification de meublé. Parmi ces éléments figurent notamment : une literie complète (avec couette ou couverture), un dispositif d’occultation des fenêtres dans la chambre, des plaques de cuisson, un four ou micro-ondes, un réfrigérateur avec congélateur (ou compartiment freezer), de la vaisselle et ustensiles, une table et des sièges, des rangements, des luminaires, ainsi que du matériel d’entretien adapté (aspirateur ou balai/serpillère).
Attention : À noter que même les équipements non obligatoires fournis volontairement engagent le bailleur : s’ils tombent en panne sans faute du locataire, le bailleur doit les réparer ou remplacer à sa charge
Droits du locataire vs. droits du bailleur (refus ou retrait des meubles)
Le locataire a-t-il le droit de refuser ou d’enlever les meubles fournis ? En principe, non, pas unilatéralement. Le contrat de bail meublé implique l’acceptation du logement tel que loué, avec son mobilier. Juridiquement, le locataire ne peut pas modifier la chose louée sans l’accord du propriétaire. Remplacer ou retirer des meubles requiert le consentement préalable du bailleur. Si le locataire souhaite apporter ses propres meubles ou retirer certains éléments, il doit obtenir l’accord du propriétaire-bailleur au préalable.
En pratique toutefois, un locataire peut décider de déplacer ou stocker du mobilier sans autorisation, surtout pour installer ses propres affaires. Le propriétaire peut avoir du mal à s’en apercevoir immédiatement. Il est donc important de communiquer rapidement pour trouver un terrain d’entente. Le locataire ne peut pas exiger du bailleur qu’il vide totalement le logement, mais il peut demander le retrait de certains meubles (par exemple si le locataire possède déjà son propre lit ou canapé). De votre côté, vous pouvez accepter ou refuser cette demande selon les cas, en gardant à l’esprit vos obligations légales.
A noter : Si le locataire enlève des meubles sans votre accord, la loi protège le bailleur. Le locataire sera tenu de restituer le logement dans l’état initial avec tout le mobilier fourni à son entrée.
Que faire face au refus des meubles ? – Solutions pratiques pour le bailleur
Si, dès l’état des lieux d’entrée, votre locataire refuse certains meubles (en partie ou en totalité), mieux vaut agir avec méthode afin d’éviter tout litige ultérieur. Voici les bonnes pratiques à adopter :
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1. Maintenir le logement conforme lors de l’entrée dans les lieux : Il est capital que le logement soit meublé conformément à la loi au moment de la remise des clés. N’enlevez aucun meuble obligatoire avant l’état des lieux d’entrée Même si le locataire exprime son refus des meubles, vous devez dresser un inventaire complet de tout le mobilier présent lors de la signature du bail. Cette précaution protège la qualification du bail : juridiquement, c’est l’état du logement à l’entrée qui compte.
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2. Identifier les meubles concernés et leur nature : Discutez avec votre locataire pour savoir quels meubles il refuse ou veut remplacer. S’agit-il de meubles obligatoires (liste légale) ou d’éléments de confort supplémentaires ? Si ce sont des équipements non essentiels (par exemple un meuble décoratif, un canapé additionnel, etc.), vous êtes libre de les retirersi cela convient aux deux parties. En revanche, si le locataire refuse un meuble figurant parmi les 11 obligatoires (ex : le lit, le frigo, la table…), la situation est plus sensible. Ne supprimez pas un élément obligatoire sans solution de rechange. Vous pourriez proposer une alternative (ex: locataire utilise son propre meuble mais le vôtre est stocké en sécurité). Attention : retirer un meuble obligatoire du logement, même avec l’accord du locataire, revient à ne plus respecter la loi sur le papier. Cela pourrait en cas de conflit ouvrir la voie à une contestation du bail. Il est donc souvent préférable de laisser le meuble en place ou au minimum d’avoir une preuve que le meuble a bien été fourni à l’origine.
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3. Trouver un compromis écrit (avenant ou accord) : Si vous acceptez de retirer certains meubles, formalisez-le pour éviter tout malentendu. Rédigez un avenant au bail ou un courrier co-signé précisant quels meubles sont retirés à la demande du locataire, où ils sont stockés et rappelant que le logement reste loué meublé.
En appliquant ces bonnes pratiques (inventaire précis, accord écrit, stockage sécurisé), vous évitez que le refus de meubles ne dégénère en litige. La clé est de rester ferme sur vos obligations légales tout en faisant preuve de souplesse encadrée pour satisfaire votre locataire dans la mesure du possible.
Risques de requalification du bail meublé en bail nu
Le principal danger d’un logement meublé où le locataire refuse les meubles est la requalification du bail en location nue. En effet, si le logement ne comporte pas (ou plus) les éléments imposés par la loi, le locataire – ou un juge saisi en cas de contentieux – pourrait faire valoir que le bail meublé n’en est pas vraiment un.
Conséquences d’une requalification en bail nu : Elles sont majeures et généralement en défaveur du bailleur. D’abord, la durée du bail passe à 3 ans minimum au lieu de 1 an. Le locataire pourrait donc se prévaloir d’un bail de 3 ans (loi 6 juillet 1989) dès la décision judiciaire, et demander à rester dans le logement jusqu’à cette échéance. Ensuite, le loyer pourrait être revu à la baisse, car un logement vide se loue souvent moins cher qu’un meublé équivalent. Le juge pourrait estimer le loyer vide et imposer une diminution rétroactive du loyer, obligeant le bailleur à rembourser le trop-perçu depuis le début du bailj. De plus, le dépôt de garantie serait recalculé selon un bail vide : alors qu’en meublé il peut aller jusqu’à deux mois de loyer, en location nue il est plafonné à un mois. Le bailleur pourrait donc devoir restituer l’excédent de dépôt versé par le locataire. Enfin – point crucial – la fiscalité basculerait du régime BIC (Bénéfices Industriels et Commerciaux) au régime des revenus fonciers, avec effet rétroactif sur l’année en cours. Autrement dit, les loyers perçus seraient requalifiés en revenus fonciers classiques, perdant les avantages fiscaux du meublé.
En résumé fiscal : préserver la qualification meublée, c’est préserver votre régime LMNP/LMP et éviter une bascule en revenus fonciers beaucoup moins favorable. Veillez donc à tenir une comptabilité rigoureuse de votre mobilier (inventaire valorisé) et documentez tout accord de retrait de meubles pour pouvoir justifier, le cas échéant, que votre bien reste éligible au régime meublé. En cas de doute, faites-vous accompagner par un expert-comptable spécialisé en location meublée pour mesurer les impacts et choisir la meilleure option fiscale.
Que retenir ? Un locataire ne peut pas transformer votre location meublée en location vide sur un coup de tête. En tant que bailleur, restez ferme sur vos obligations légales : le logement doit comporter tous les meubles indispensables au moment de la location. Si un locataire refuse certains meubles, privilégiez le dialogue pour trouver un compromis équilibré : retirer éventuellement du mobilier non essentiel ou accepter ses meubles personnels, mais sans compromettre la conformité du bail. Documentez par écrit toute modification et gardez la main sur les meubles enlevés (stockage, inventaire) afin de pouvoir les restituer en temps voulu. Ces précautions vous mettront à l’abri d’une requalification du bail et de ses lourdes conséquences juridiques (bail de 3 ans imposé, loyer réduit) et fiscales (perte du régime LMNP, imposition foncière).
En cas de conflit persistant, tentez d’abord un règlement à l’amiable ou via la commission de conciliation de votre départementj. Ce n’est qu’en ultime recours qu’il faudra saisir un juge, une démarche souvent longue et incertaine. La bonne nouvelle est qu’avec une communication transparente et le respect du cadre légal, la plupart des situations de refus des meubles se résolvent sans jugej. En tant que bailleur LMNP ou LMP éclairé, connaître vos droits et devoirs vous permettra d’expliquer calmement la situation à votre locataire et d’éviter les erreurs coûteuses.
En définitive, gardez votre bail meublé conforme, soyez ouvert aux ajustements raisonnables, et tout devrait bien se passer. Et pour toute question pointue (jurisprudence, fiscalité, comptabilité LMNP/LMP), pensez à vous faire accompagner par des experts de la location meublée. LMNP.ai, par exemple, peut vous conseiller et sécuriser votre approche juridique ou fiscale afin de louer en toute sérénité.
FAQ – Refus de mobilier en location meublée
Q1 : Un locataire peut-il exiger le retrait du mobilier ?Non. Le bail meublé suppose la présence des meubles listés par la loi ; le locataire ne peut qu’en discuter avec le bailleur. Sans accord écrit, enlever ou détériorer des meubles constitue un manquement pouvant justifier une retenue sur le dépôt de garantie.
Q2 : Quels meubles sont légalement obligatoires ?La location meublée doit comporter au moins : literie complète, occultation des fenêtres, plaques de cuisson, four ou micro-ondes, réfrigérateur avec compartiment congélation, vaisselle et ustensiles, table et sièges, rangements, luminaires, matériel d’entretien ménager. L’absence d’un seul de ces 11 éléments fait courir le risque de requalification du bail en location nue.
Q3 : Le locataire veut remplacer un meuble obligatoire par le sien ; que faire ?Dressez l’état des lieux avec votre meuble en place, puis signez un avenant précisant son retrait temporaire, son lieu de stockage et son retour en fin de bail. Tant que le meuble d’origine existe et reste disponible, le logement conserve le statut meublé ; prévoyez de le remettre en service si celui du locataire tombe en panne.
Q4 : Que risque le bailleur si le bail est requalifié en bail vide ?Le contrat deviendrait un bail vide de 3 ans ; préavis plus long pour reprendre le logement, dépôt de garantie plafonné à un mois, et loyer éventuellement réajusté à la baisse avec remboursement rétroactif. Fiscalement, le bailleur perdrait le régime LMNP (amortissements ou micro-BIC) au profit des revenus fonciers.
Q5 : Peut-on transformer un bail meublé en bail vide en cours de route ?Pas directement : ce sont deux contrats distincts. Pour passer en location nue, il faut mettre fin (ou laisser arriver à échéance) au bail meublé puis signer un nouveau bail vide de 3 ans ; un simple avenant ne suffit pas.
Q6 : Comment se protéger si le locataire refuse certains meubles ?-
Joignez un inventaire détaillé au bail et faites-le signer.
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Exigez toute demande de retrait par écrit et encadrez-la par un avenant.
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Stockez les meubles obligatoires à vos frais en gardant les justificatifs (déductibles en régime réel LMNP).
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Expliquez clairement les enjeux juridiques et fiscaux et, en cas de blocage, proposez une médiation.
Prenez un rendez-vous avec un professionnel en LMNP / LMP !
Kévin
Expert en fiscalité immobilière
Clément
Expert en défiscalisation