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L’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI) est un impôt annuel qui s’applique aux foyers dont le patrimoine immobilier net dépasse 1,3 million d’euros au janvier de l’année. Instauré en 2018 en remplacement de l’ISF, il vise uniquement les biens immobiliers non affectés à une activité professionnelle (d’où son surnom d’« ISF immobilier »). L'IFI visent tous les immeubles (résidences principales et secondaires, logements mis en location, terrains…) ainsi que les parts de sociétés immobilières (SCPI, SCI, OPCI) détenues directement ou indirectement.
En tant qu’investisseur loueur en meublé non professionnel (LMNP), vos biens meublés entrent-ils dans le calcul de l’IFI ? La location meublée non professionnelle est, par définition, une activité de gestion privée. Ainsi, les biens détenus en LMNP sont considérés comme des actifs immobiliers non professionnels faisant partie de l’assiette taxable à l’IFI. Autrement dit, dès lors que la valeur nette taxable de l’ensemble de vos biens immobiliers (y compris ceux loués en meublé) dépasse 1,3 million €, vous êtes redevable de l’IFI. La valeur nette s'entend comme la valeur minorée de l'éventuel capital restant dû si vous avez un prêt (donc une dette) sur le bien. Ce seuil de 1,3 M€ s’apprécie au niveau du foyer fiscal : on additionne les patrimoines immobiliers du couple marié/PACSé et des enfants mineurs rattachés. En revanche, si votre patrimoine immobilier net imposable reste en deçà de ce seuil, vous n’avez pas d’IFI à payer.
Exonération IFI et statut LMNP : quelles conditions ?
Peut-on échapper à l’IFI quand on est LMNP ? Et bien non...
L’IFI ne s’applique pas aux biens immobiliers professionnels uniquement. Pour qu’un bien loué meublé soit considéré comme un bien professionnel (exonéré d’IFI), le bailleur doit exercer l’activité de location meublée à titre professionnel, c’est-à-dire que le loueur doit être un Loueur Meublé Professionnel (LMP)
Si vous êtes LMP, alors vous pouvez potentiellement prétendre à une éxonération d'IFI (C'est à dire, ne pas inclure vos biens loués meublés dans l'assiette de calcul des 1,3M de patrimoine net requis pour être éligible).
Conditions pour ouvrir droit à l’exonération IFI en LMP
Selon l’article 975 du CGI, trois critères cumulatifs doivent être respectés :
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Le bénéfice net (après charges & amortissements) tiré de cette activité représente plus de 50 % de vos revenus professionnels (salaires, BIC, BNC…) .
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La location meublée doit constituer votre activité principale : elle doit générer la majorité de vos revenus professionnels et être exercée de façon effective (gestion réelle, proximité, implication personnelle)
Particularités importantes
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Ce n’est pas le montant des loyers bruts mais le bénéfice net qui est comparé aux autres revenus – ce qui rend souvent l’exonération difficile à obtenir .
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Si vous êtes retraité, vos pensions n’entrent pas dans le calcul des revenus professionnels : il vous est donc plus simple de remplir la condition des +50 %
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Il ne suffit pas d’être LMP au titre de l’IR: pour l’IFI, vous devez satisfaire strictement aux conditions du CGI et de la jurisprudence
A noter : Dans une décision rendue le 30 avril 2024*, la Cour de cassation a refusé l’exonération d’IFI à des propriétaires au motif que leurs biens étaient situés à une telle distance de leur domicile qu’ils ne pouvaient pas en assurer une gestion régulière. La Cour a estimé que cet éloignement géographique ne permettait pas de démontrer l’exercice effectif d’une activité professionnelle, les intéressés n’accomplissant ni des actes précis, répétitifs et constants, ni les diligences concrètes requises.
Il est donc indispensable de remplir l’ensemble des conditions exigées pour pouvoir bénéficier de l’exonération d’IFI sur les biens immobiliers affectés à une activité de location meublée professionnelle.
Calcul de l’IFI : évaluation et déductions
Le calcul de l’IFI porte sur la valeur vénale nette de vos biens imposables. La valeur vénale est le prix de marché théorique du bien. Pour l’évaluer, vous pouvez vous baser sur des transactions récentes de biens comparables (l’outil Patrim du fisc, par exemple, aide à estimer la valeur des biens immobiliers). De cette valeur, on déduit ensuite les dettes restant dues au 1er janvier et se rapportant aux actifs immobiliers concernés.
Dettes déductibles : vous pouvez déduire notamment les emprunts contractés pour l’acquisition des biens ou de parts de sociétés immobilières, les dépenses de travaux de construction, d’agrandissement ou de rénovation non encore payées, les impôts liés aux propriétés (par ex. la taxe foncière ou d’éventuels droits de succession) restant à votre charge au 1er janvier, ainsi que certaines charges d’entretien engagées par le propriétaire. À l’inverse, les impôts liés aux revenus des biens immobiliers (impôt sur le revenu foncier ou BIC, prélèvements sociaux) ne sont pas déductibles, pas plus que les charges déjà déduites pour le calcul de ces revenus, ni les taxes incombant aux locataires.
Abattements sur la valeur : mis à part l’abattement de 30 % sur la résidence principale, il n’existe pas d’abattement légal pour un logement en location meublée. Néanmoins, en pratique, un propriétaire peut appliquer une décote pour tenir compte de la présence d’un locataire (ce qui rend le bien moins liquide à la revente). Cette décote n’est pas explicitement fixée par la loi ; elle est laissée à l’appréciation du déclarant. Il est généralement conseillé de ne pas dépasser 10 % de décote afin de rester raisonnable vis-à-vis de l’administration.
Barème de l’IFI et calcul de l’impôt
L’IFI est un impôt progressif par tranches, comme l’impôt sur le revenu. Le barème 2025 comporte six tranches de patrimoine net taxable :
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0 % pour la part jusqu’à 800 000 € ;
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0,50 % pour la part entre 800 001 € et 1 300 000 € ;
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0,70 % pour la part entre 1 300 001 € et 2 570 000 € ;
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1 % pour la part entre 2 570 001 € et 5 000 000 € ;
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1,25 % pour la part entre 5 000 001 € et 10 000 000 € ;
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1,50 % pour la part au-delà de 10 000 000 €.
Ces taux s’appliquent par tranche de patrimoine, selon le même principe que l’impôt sur le revenu (chaque tranche est taxée au taux correspondant, de façon marginale).
A noter : Afin d’éviter qu’un contribuable dont le patrimoine dépasse de peu le seuil d’imposition à l’IFI (1,3 million d’euros) ne soit brutalement redevable d’un impôt significatif, un mécanisme de lissage a été instauré. Ce dispositif prend la forme d’une décote spécifique, applicable lorsque la valeur nette taxable du patrimoine est comprise entre 1,3 million et 1,4 million d’euros, permettant ainsi d’atténuer l’entrée progressive dans le barème de l’IFI et d’éviter un effet de seuil pénalisant.
Un contribuable possède un patrimoine net taxable à l’IFI de 1 350 000 €.
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Calcul de la décote :
Décote = 17 500 € – (1,25 % × valeur du patrimoine net taxable)
= 17 500 – (1,25 % × 1 350 000)
= 17 500 – 16 875 = 625 €
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Hypothèse d’IFI brut :
Supposons que le montant de l’IFI brut calculé avant décote (selon le barème progressif) soit de 2 000 €.
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Application de la décote :
IFI à payer = 2 000 € – 625 € = 1 375 €
Résultat :
Grâce au mécanisme de décote, ce contribuable ne paie que 1 375 € d’IFI au lieu des 2 000 € calculés initialement. Cela permet un lissage progressif de l’entrée dans l’imposition.
Plafonnement à 75 % des revenus
l’IFI bénéficie d’un mécanisme de plafonnement visant à éviter une taxation excessive par rapport aux revenus du contribuable. Si le total formé par IFI + impôt sur le revenu de l’année précédente + prélèvements sociaux éventuels dépasse 75 % du revenu fiscal de référence, alors une réduction d’IFI équivalente à cet excédent vous est accordée. En d’autres termes, l’ensemble de vos impôts ne peut dépasser 75 % de vos revenus, l’excédent étant déduit de l’IFI dû.
Déclaration et paiement de l’IFI
Si vous êtes assujetti, vous devez déclarer l’IFI en même temps que votre déclaration de revenus annuelle. L’IFI se déclare soit en ligne (en remplissant les rubriques dédiées dans votre espace sur impots.gouv.fr), soit via le formulaire papier n°2042-IFI à joindre à votre déclaration. La déclaration IFI suit le même calendrier que l’impôt sur le revenu : par exemple, pour l’IFI 2025 portant sur le patrimoine au 1er janvier 2025, les déclarations étaient à souscrire fin mai 2025 (dates variables selon les départements, alignées sur la déclaration des revenus).
Après instruction de votre déclaration, l’administration fiscale émet un avis d’imposition IFI séparé (distinct de votre avis d’impôt sur le revenu). Le paiement de l’IFI intervient généralement à la mi-septembre de l’année d’imposition : par exemple, l’IFI 2025 est payable au plus tard le 15 septembre 2025 (ou début octobre en cas de prélèvement automatique).
Attention : le fisc peut contrôler l’exactitude de vos déclarations d’IFI. En cas de sous-évaluation de vos biens, un redressement peut être appliqué dans un délai de 3 ans après la déclaration (ce délai passant à 6 ans si vous n’avez pas du tout déclaré alors que vous auriez dû le faire)
En résumé, le statut LMNP n’offre pas d’exonération particulière face à l’IFI : dès que la valeur nette de votre patrimoine immobilier dépasse 1,3 M€, vous êtes soumis à l’impôt sur la fortune immobilière comme tout autre propriétaire. Seul un loueur en meublé professionnel (LMP) remplissant des conditions strictes (activité principale, recettes > 23 000 €, etc.) peut espérer en être exonéré. Il convient donc d’anticiper cet impôt dans votre stratégie patrimoniale. Calculez soigneusement votre assiette taxable (en déduisant toutes les dettes admises), respectez vos obligations déclaratives, et profitez des dispositifs de réduction pour atténuer la facture (décote, plafonnement des 75 %, réduction pour dons, etc.). De même, réfléchir à la structure de détention de vos biens (par exemple via une société civile) avec l’aide d’un expert peut être judicieux dans certains cas pour optimiser votre situation fiscale. N’hésitez pas à solliciter un conseil fiscal si votre patrimoine approche du seuil de l’IFI ou si votre situation est complexe, afin d’adopter les meilleures stratégies et éviter tout écart de conformité.
Foire aux Questions : IFI pour les loueurs meublé non professionnels
1. Un loueur en meublé non professionnel doit‑il payer l’IFI ?
Oui, dès que la valeur nette de tous vos biens immobiliers dépasse 1,3 M€ au 1ᵉʳ janvier ; sinon, vous n’êtes pas imposé. Le statut LMNP n’accorde aucune exonération.
2. Comment déclarer l’IFI pour mes biens LMNP ?
Renseignez le formulaire 2042‑IFI en même temps que votre déclaration de revenus (avril‑mai). Indiquez la valeur nette taxable et les dettes déductibles ; l’avis et le paiement arrivent généralement en septembre.
3. Comment réduire le montant de mon IFI ?
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Déduisez tous les emprunts et charges éligibles pour abaisser l’assiette.
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Faites un don IFI : 75 % du don (plafond 50 000 €) est déduit.
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Bénéficiez du plafonnement à 75 % de vos revenus si vos impôts dépassent ce seuil.
4. Le statut LMP permet‑il d’éviter l’IFI ?
Oui, mais seulement si vous remplissez les critères LMP et votre bénéfice représente > 50 % de vos revenus. Les biens deviennent alors professionnels et sortent de l’IFI.
5. Un propriétaire non‑résident est‑il soumis à l’IFI en France ?
Oui, pour ses biens situés en France si leur valeur nette dépasse 1,3 M€. Les biens détenus hors de France ne sont pas pris en compte.
Prenez un rendez-vous avec un professionnel en LMNP / LMP !
Kévin
Expert en fiscalité immobilière
Clément
Expert en défiscalisation