Sommaire de l'article
- Normes de décence : un logement meublé conforme et sécurisé
- Autorisations de travaux : permis de construire ou déclaration ?
- Travaux pendant le bail : droits du locataire et devoirs du bailleur
- Sécurité, diagnostics et mise en conformité technique
- Fiscalité des travaux : optimiser en LMNP/LMP
- Foire aux questions
- Un propriétaire peut-il faire des travaux dans un logement occupé par un locataire ?
- Quelles sont les normes à respecter pour qu’un logement meublé soit “décent” ?
- Doit-on demander un permis de construire pour rénover un appartement ?
- Les travaux de rénovation sont-ils déductibles de mes revenus locatifs meublés ?
- Quelles aides financières un propriétaire bailleur peut-il obtenir pour rénover ?
- Sources
Rénover un logement loué meublé ne s’improvise pas : le propriétaire bailleur doit respecter un cadre légal strict. Qu’il s’agisse de mettre le logement aux normes de décence (sécurité, salubrité, performance énergétique) ou de réaliser des améliorations, des règles précises s’appliquent en 2025. Permis de construire, autorisation du locataire, diagnostics obligatoires, traitement fiscal des dépenses… Cet article passe en revue toutes les obligations légales liées aux rénovations d’une location meublée LMNP/LMP. Objectif : vous aider à sécuriser vos travaux, optimiser votre fiscalité et continuer à louer en toute conformité, sans risquer sanctions ou pertes financières.
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Normes de décence : un logement meublé conforme et sécurisé
Pour louer en meublé, la loi impose de délivrer un logement décent, c’est-à-dire sans danger pour la sécurité ou la santé et avec un minimum de confort. Un logement en mauvais état expose le bailleur à devoir effectuer des travaux de mise en conformité sous peine de voir le loyer réduit par un juge. Voici les principaux critères de décence à respecter :
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Sécurité et salubrité : Le gros œuvre (murs, toiture) doit être étanche et solide (pas d’infiltrations ni risque d’effondrement). Les réseaux d’électricité et de gaz doivent être aux normes et en bon état. Le logement ne doit pas comporter de matériaux toxiques dégradés (ex : peinture au plomb écaillée, amiante friable). Il doit être exempt d’infestations de nuisibles.
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Confort minimum : Au moins une pièce principale de 9 m² (ou 20 m³) est requise. Le logement doit comporter une installation de chauffage en état de marche, un accès à l’eau potable (chaude et froide) avec évacuation des eaux usées, une salle d’eau avec WC (même extérieur pour un studio), ainsi qu’une kitchenette (évier + possibilité d’installer un appareil de cuisson). Une aération suffisante et un éclairage naturel dans les pièces de vie sont exigés.
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Performance énergétique : Depuis la loi Climat, la décence inclut un critère d’isolation. Concrètement, un logement trop énergivore est considéré comme indécent. Depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, toute location avec un DPE classé G est interdite : ces passoires thermiques ne peuvent plus faire l’objet d’un nouveau bail ou d’un renouvellement tant que des travaux d’amélioration énergétique n’ont pas été réalisés. Les logements classés F subiront la même interdiction au 1ᵉʳ janvier 2028 (puis les classés E en 2034). En clair, un bailleur doit fournir à son locataire un logement énergétiquement décent et bien isolé. À défaut, le bien ne peut plus être loué et le locataire peut exiger des travaux pour le rendre conforme.
Mobilier obligatoire en location meublée
Au-delà du bâti, louer en meublé implique de respecter la liste du mobilier minimum fixée par décret. Chaque pièce doit être équipée de meubles adaptés afin que le locataire puisse « y dormir, manger et vivre convenablement ». Depuis 2015, 11 éléments doivent garnir au minimum le logement meublé :
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Literie complète (lit ou canapé-lit + matelas) avec couette ou couverture
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Dispositif d’occultation des fenêtres dans les chambres (rideaux ou volets)
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Plaques de cuisson + four ou four à micro-ondes
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Réfrigérateur avec compartiment congélation (ou congélateur séparé)
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Vaisselle et ustensiles de cuisine en nombre suffisant pour les repas
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Table et sièges (chaises, tabourets…)
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Étagères de rangement (placards, commodes…)
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Luminaires (éclairage des pièces à vivre)
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Matériel d’entretien ménager adapté (aspirateur ou balai/serpillière selon le sol)
À noter :
Les meubles et équipements peuvent être d’occasion, mais le propriétaire doit s’assurer qu’ils sont en bon état d’usage tout au long de la location. Il est conseillé de dresser un inventaire complet du mobilier lors de l’état des lieux pour prouver la conformité de l’équipement fourni. En cas de défaut (mobilier manquant ou hors d’usage), le locataire pourrait exiger une mise en conformité, voire requalifier le bail en location vide.
Autorisations de travaux : permis de construire ou déclaration ?
Avant d’entamer des travaux de rénovation, il faut vérifier si une autorisation d’urbanisme est nécessaire. En France, de nombreux aménagements intérieurs sont libres et ne requièrent ni permis ni déclaration préalable : par exemple refaire la peinture, changer la cuisine, rénover une salle de bain, abattre ou créer une cloison non porteuse. Tant que vos travaux ne modifient pas l’aspect extérieur du bâtiment, ne créent pas de surface supplémentaire et ne changent pas la destination du local, aucune démarche en mairie n’est imposée.
En revanche, certains projets déclenchent des formalités :
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Déclaration préalable (DP) : nécessaire pour les travaux modifiant l’extérieur ou créant une petite extension. Par exemple, le changement de fenêtres ou de façade, la création d’une surface de plancher de 5 à 20 m² (jusqu’à 40 m² en zone urbaine avec PLU) ou l’aménagement des combles augmentant la surface dans ces limites requièrent une déclaration en mairie. Il suffit de déposer le formulaire adéquat (Cerfa n°13703, etc.) avec plans et descriptif ; la mairie a un mois pour instruire le dossier.
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Permis de construire : obligatoire pour les gros travaux. Un agrandissement de plus de 20 m² (ou >40 m² en zone PLU) doit faire l’objet d’un permis. De même, une modification lourde de la structure porteuse ou de la façade, ou un changement d’usage du local accompagné de transformations significatives, nécessitent un permis de construire. Le délai d’instruction est plus long (2 à 3 mois minimum) et l’intervention d’un architecte est requise si la surface totale du bien dépasse 150 m².
À noter :
Si votre immeuble est situé en secteur protégé (par exemple bâtiment classé ou zone ABF), des autorisations spécifiques (accord des Bâtiments de France) s’ajoutent. Par ailleurs, en copropriété, assurez-vous de respecter le règlement et d’obtenir l’accord de l’assemblée générale pour toute modification impactant les parties communes ou l’aspect extérieur (ex : percement d’un mur porteur, pose d’une grille, etc.). Ne pas déclarer des travaux soumis à autorisation vous expose à des sanctions (amende, remise en état) et peut compliquer une future revente du bien.
Rénovations énergétiques obligatoires
Certains travaux d’entretien importants entraînent par la loi une obligation d’amélioration énergétique. En effet, depuis la loi Transition Énergétique de 2015 complétée par la loi Climat de 2021, tout ravalement de façade ou réfection majeure de toiture doit s’accompagner d’une isolation thermique, sauf impossibilité technique. Ce principe de « travaux embarqués » vise à profiter des rénovations pour améliorer la performance énergétique du logement. Par exemple, si vous refaites l’enduit extérieur, vous devrez intégrer une isolation par l’extérieur (ITE) sous le nouveau revêtement. De même, l’aménagement des combles implique d’isoler thermiquement la toiture. Ne pas respecter ces obligations peut vous priver d’aides financières et vous exposer à des injonctions de l’autorité administrative.
Autre enjeu en 2025 : la lutte contre les passoires thermiques. Comme évoqué plus haut, un logement classé F ou G au DPE ne peut plus être reloué sans travaux d’amélioration. Un bailleur doit donc anticiper et réaliser des travaux d’isolation (changement de chaudière, fenêtres double vitrage, isolation des murs/planchers, etc.) pour rester en conformité et maintenir son bien sur le marché locatif. Des aides comme MaPrimeRénov’ peuvent financer jusqu’à 30 % à 80 % du coût de ces rénovations énergétiques selon les cas : propriétaires bailleurs éligibles doivent louer le bien 5 ans après travaux et pratiquer un loyer raisonnable pour en bénéficier. Ces subventions réduisent le reste à charge et accélèrent la rentabilité des travaux.
Travaux pendant le bail : droits du locataire et devoirs du bailleur
Si le logement est occupé par un locataire, le propriétaire peut quand même effectuer des travaux, sous réserve de respecter la loi du 6 juillet 1989. Le locataire a un droit à jouissance paisible de son domicile, mais il doit tolérer certains travaux à la charge du bailleur (entretien, améliorations, mise aux normes). Voici les règles principales à suivre en cours de bail :
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Notification des travaux : Le bailleur doit informer le locataire avant d’entreprendre des travaux chez lui. Cette notification, idéalement par lettre recommandée (ou remise en main propre contre émargement), précise la nature des travaux envisagés, leur durée, la date de début et la nécessité éventuelle d’accéder au logement. Il est conseillé d’y indiquer l’amélioration apportée (sécurité, économie d’énergie…) ou l’urgence, afin de montrer le caractère légitime des travaux.
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Accès au logement : Le locataire doit permettre l’accès pour les travaux nécessaires (entretien normal, réparations urgentes, amélioration de la performance énergétique, travaux pour rendre le logement décent). Toutefois, aucun chantier ne peut être imposé le week-end ou les jours fériés sans l’accord du locataire. Les interventions doivent donc se dérouler en semaine, sauf consentement explicite du locataire pour d’autres créneaux.
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Limitation des nuisances : Le bailleur et les artisans doivent veiller à limiter le dérangement (bruits, poussière) et à respecter les conditions annoncées. Des travaux abusifs (trop fréquents ou hors cadre annoncé) peuvent être suspendus par le juge si le locataire se plaint de manœuvres « vexatoires ». En pratique, mieux vaut planifier les gros œuvres pendant les horaires de jour (ex. 8h-17h) et prévenir à l’avance de toute modification de planning.
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Réduction de loyer si longue durée : Si les travaux durent plus de 21 jours, la loi (art. 1724 du Code civil) impose une baisse de loyer proportionnelle à la période d’indisponibilité du logement. Par exemple, pour un mois de travaux rendant une pièce inutilisable, le locataire peut exiger une réduction d’environ 50 % du loyer mensuel. Le propriétaire doit appliquer cette remise spontanément sur le loyer suivant. En cas de refus, le locataire peut saisir le juge pour obtenir cette compensation.
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Travaux rendant le logement inhabitable : Si les travaux rendent le logement temporairement impossible à habiter (danger ou impossibilité d’utiliser les lieux), le locataire peut demander la suspension du chantier, voire la résiliation du bail en justice dans les cas extrêmes. Mieux vaut alors trouver un arrangement amiable : par exemple reloger le locataire à l’hôtel à vos frais pendant la durée des travaux, ou convenir d’une résiliation de bail amiable si le chantier est très lourd.
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Fin de bail pour travaux : Que faire si d’importantes rénovations sont incompatibles avec la présence du locataire ? La loi permet au bailleur de donner congé pour motif légitime et sérieux à l’échéance du bail, y compris pour réaliser de lourds travaux, à condition de respecter le préavis (3 mois en meublé) et de pouvoir justifier de la réalité du projet. Il faudra alors fournir au locataire des preuves sérieuses (devis, plans d’architecte, permis de construire si applicable) démontrant la nécessité de libérer le logement pour les travaux. Un congé frauduleux (prétendre faire des travaux sans les réaliser) exposerait le bailleur à de lourdes condamnations. En somme, n’utilisez cette option qu’en dernier recours et en préparant rigoureusement votre dossier.
Sécurité, diagnostics et mise en conformité technique
Les travaux de rénovation sont souvent l’occasion de remettre le logement aux normes de sécurité. Certains équipements sont obligatoires ou fortement recommandés en location meublée :
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Détecteurs : Chaque logement d’habitation doit être équipé d’au moins un détecteur avertisseur autonome de fumée (DAAF) conforme, installé par le propriétaire (obligatoire depuis 2015). Vérifiez sa présence et son bon fonctionnement après les travaux. Par ailleurs, si le logement comporte une cheminée ou un poêle, l’installation d’un détecteur de monoxyde de carbone est vivement conseillée pour prévenir les intoxications (bien qu’elle ne soit pas encore obligatoire légalement en 2025).
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Installation électrique : En cas de rénovation électrique (tableau, circuits…), faites réaliser les travaux par un électricien certifié selon la norme NF C 15-100. Si l’installation est refaite à neuf, une attestation de conformité du Consuel sera nécessaire. Rappelons que pour louer, toute installation intérieure d’électricité de plus de 15 ans doit avoir fait l’objet d’un diagnostic électrique de moins de 6 ans, à annexer au bail. Un logement présentant un réseau électrique vétuste ou dangereux n’est pas décent : il appartient au propriétaire de faire le nécessaire (mise à la terre, différentiel 30 mA, protections adaptées) pour assurer la sécurité des occupants.
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Gaz et chauffage : Même principe pour le gaz : les appareils de chauffage ou chauffe-eau au gaz doivent être entretenus annuellement (par le locataire pour la chaudière individuelle) et remplacés s’ils sont défectueux. Un diagnostic gaz de moins de 6 ans est exigé pour les installations de plus de 15 ans. En rénovant la cuisine ou la chaufferie, profitez-en pour installer des équipements modernes (chaudière à condensation, dispositifs de sécurité comme détendeur à valve thermique, etc.). Cela améliore la sécurité et souvent la performance énergétique du logement.
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Ventilation et aération : Assurez-vous, lors des travaux, que le logement dispose d’une ventilation correcte (grilles d’aération dégagées, VMC en état de marche). Une mauvaise aération favorise moisissures et polluants intérieurs, ce qui peut rendre le logement non conforme (air vicié). La loi exige un logement « suffisamment ventilé » pour un environnement sain. Si vous engagez une rénovation lourde, pensez à installer ou améliorer la VMC, voire opter pour une ventilation mécanique contrôlée hygroréglable pour plus d’efficacité.
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Diagnostic amiante et plomb avant travaux : Pour les immeubles anciens, le bailleur a des obligations particulières avant de démolir ou percer des parois. Si le bâtiment date d’avant 1997, tout chantier impactant la structure ou les matériaux (démolition de cloisons, percement de dalles, etc.) nécessite un diagnostic amiante avant travaux par un professionnel certifié. De même, dans les logements antérieurs à 1949, un constat plomb avant travaux est requis si l’on va décaper des peintures ou modifier des éléments susceptibles de contenir du plomb. Ces diagnostics visent à protéger les ouvriers et occupants des poussières toxiques. En tant que bailleur, vous devez les réaliser et, le cas échéant, faire procéder à un désamiantage ou un retrait du plomb dégradé avant de continuer les travaux. À noter que l’absence de diagnostic amiante engage la responsabilité du maître d’ouvrage (amende pénale et arrêt de chantier possible).
Enfin, n’oubliez pas de mettre à jour le Dossier de Diagnostic Technique (DDT) à l’issue de vos rénovations. Par exemple, si vous avez significativement amélioré la performance énergétique (isolation, chauffage neuf), il est judicieux de refaire un DPE pour valoriser le nouveau classement du logement (et se conformer aux DPE « nouvelle formule » obligatoires depuis 2021). Idem après une refonte électrique ou gaz : même si les diagnostics en cours de validité ne sont pas échus, un nouveau bilan permettra de rassurer le locataire sur la conformité post-travaux. Tous les diagnostics obligatoires (DPE, électricité, gaz, plomb, ERP, bruit) doivent être remis au locataire lors de la signature du bail– ne négligez pas cette étape administrative, gage de transparence et de sécurité juridique. L’absence de diagnostic peut être sanctionnée lourdement (annulation du bail, dommages et intérêts) si un problème survient.
Fiscalité des travaux : optimiser en LMNP/LMP
Les dépenses de rénovation dans une location meublée peuvent être mises à profit pour réduire vos impôts, à condition de choisir le bon régime fiscal. Deux régimes coexistent en LMNP (Loueur en Meublé Non Professionnel) : le micro-BIC (forfait) et le régime réel. Le traitement des travaux diffère radicalement entre les deux :
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Micro-BIC : C’est le régime par défaut si vos recettes locatives annuelles n’excèdent pas 77 700 € (location meublée classique, 2025). Il offre un abattement forfaitaire de 50 % sur les loyers (ou 71 % pour les meublés de tourisme classés jusqu’en 2024). Ce forfait est censé couvrir toutes vos charges, y compris les travaux – vous ne pouvez donc pas déduire précisément vos dépenses de rénovation. En pratique, le propriétaire en micro-BIC supporte le coût des travaux en totalité, sans soulagement fiscal direct. À partir de 2025, ce régime devient moins favorable pour la location saisonnière : la loi Le Meur a abaissé l’abattement à 30 % pour les meublés de tourisme non classés, et limité leur plafond de recettes à 15 000 € seulement. Autant dire que les bailleurs en courte durée seront fortement incités à opter pour le régime réel.
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Régime réel : Il consiste à déclarer les revenus locatifs en déduisant les charges réelles (intérêts d’emprunt, assurances, taxes…) et surtout en pratiquant des amortissements pour l’immobilier, le mobilier et les travaux. En effet, en régime réel LMNP, le coût des rénovations peut généralement être passé en charges ou en amortissement comptable (selon la nature du travaux : réparation ou amélioration). Cela permet de réduire fortement, voire d’annuler, le bénéfice imposable. Concrètement, une rénovation de 20 000 € pourra être étalée sur plusieurs années en amortissement, venant diminuer d’autant vos loyers imposables chaque année. De nombreux loueurs en meublé constatent ainsi qu’ils ne paient aucun impôt sur leurs loyers pendant de longues périodes, grâce à l’amortissement. Certes, le régime réel impose de tenir une comptabilité et souvent de recourir à un expert-comptable, mais il est très avantageux après de gros travaux. En 2025, avec la baisse des abattements micro-BIC, il est estimé que le régime réel devient gagnant dans l’écrasante majorité des cas (sauf très petites locations).
Astuce pratique
Si vous avez engagé des travaux importants, envisagez de basculer au régime réel sans attendre. L’option doit être formulée avant le 1ᵉʳ février de l’année en cours (ou sur la déclaration de résultats au plus tard) et est irrévocable pour 3 ans. Mais le jeu en vaut la chandelle : en optimisant avec l’amortissement, vous pourrez neutraliser fiscalement vos loyers. D’autant que les amortissements non utilisés s’accumulent en report indéfini, vous garantissant de faibles impôts jusqu’à épuisement. Un conseiller fiscal ou expert-comptable spécialisé pourra simuler l’intérêt du passage au réel selon votre situation.
Nouveautés fiscales 2025 : amortissements et plus-value, OGA…
La loi de finances pour 2025 a introduit des changements notables pour les loueurs en meublé. D’abord, la revente d’un bien LMNP est moins exonératrice qu’avant. Jusqu’en 2024, les amortissements pratiqués n’étaient pas pris en compte dans le calcul de la plus-value immobilière privée. Désormais, les amortissements déduits seront réintégrés dans le calcul de la plus-value imposable lors de la cession du bien. Concrètement, le fisc recalculera le prix d’acquisition en le majorant des amortissements déduits, ce qui augmente le gain taxable (taxé à 19 % + 17,2 % prélèvements sociaux). Cette mesure concerne tant le régime réel que le micro-BIC (car l’abattement micro intègre une quote-part d’amortissement théorique). Elle vise à éviter que des propriétaires effacent leurs revenus via l’amortissement puis revendent en ne payant la plus-value que sur la base du prix d’achat initial. Heureusement, l’impact reste limité dans la plupart des cas : l’exonération progressive des plus-values immobilières (au bout de 22 ans pour l’impôt, 30 ans pour les prélèvements sociaux) continue de s’appliquer. De plus, beaucoup d’investisseurs LMNP conservent leur bien sur le très long terme ou le transmettent plutôt que de le vendre rapidement.
Autre changement : la disparition de l’avantage OGA (Organisme de Gestion Agréé). Jusqu’en 2024, un LMNP au réel adhérent d’un OGA bénéficiait d’une réduction d’impôt correspondant aux 2/3 de ses frais de comptabilité. La loi 2025 a supprimé cet avantage. Dorénavant, vos honoraires de comptable resteront bien sûr déductibles à 100 % de vos recettes locatives, mais ne donneront plus lieu à une réduction d’impôt spécifique. Cela renchérit légèrement le coût net de la gestion comptable, mais la déduction permet d’en absorber une partie.
Enfin, pour les loueurs en meublé professionnel (LMP), rappelez-vous que les règles diffèrent (inscription RCS, cotisations sociales dès 2021, etc.). Si vos revenus meublés dépassent 23 000 € et excèdent vos autres revenus du foyer, vous passez LMP. L’avantage ? Vos déficits éventuels (par exemple liés à de gros travaux non couverts par l’amortissement) deviennent imputables sur votre revenu global, ce qui peut réduire votre IRPP. En contrepartie, vous perdez l’exonération des plus-values privées : la vente du bien relève des plus-values professionnelles (avec parfois une exonération possible après 5 ans si recettes <90 000 €). Ce statut est complexe ; mieux vaut se faire accompagner pour choisir le régime adéquat et profiter au mieux des déductions fiscales liées aux rénovations.
En résumé, rénover un logement en location meublée nécessite de jongler entre obligations légales et optimisation. En 2025, le cadre s’est durci sur la qualité des logements loués : un propriétaire doit offrir un habitat salubre, sûr et suffisamment performant énergétiquement, quitte à réaliser des travaux imposés par la loi (isolation des passoires thermiques, mises aux normes). La contrepartie positive, c’est qu’un bien rénové se loue mieux, plus cher et s’inscrit dans la transition écologique en cours. Pour le bailleur, la clé est d’anticiper ces obligations afin d’éviter les interdictions de louer ou les litiges avec le locataire.
Heureusement, de nombreux outils existent pour accompagner ces rénovations : aides financières comme MaPrimeRénov’, taux de TVA réduit à 5,5 % sur les travaux d’amélioration énergétique, et surtout une fiscalité LMNP avantageuse via l’amortissement. En planifiant intelligemment vos travaux et en choisissant le bon régime d’imposition, vous pouvez non seulement rester en conformité totale, mais aussi booster la rentabilité de votre investissement locatif (loyers optimisés, économies d’énergie et fiscalité allégée). L’important est de rester informé des évolutions légales (loi de finances, réglementations logement) et de vous entourer de professionnels compétents (architecte, comptable, artisan RGE) pour mener à bien vos projets. Ainsi, vos travaux de rénovation se transformeront en véritable atout patrimonial, tout en garantissant à vos locataires un logement de qualité et en règle.
Foire aux questions
Les réponses rapides aux questions les plus posées.
Un propriétaire peut-il faire des travaux dans un logement occupé par un locataire ?
Oui, mais il doit prévenir le locataire par écrit (lettre recommandée) en précisant la nature et la durée des travaux. Le locataire doit laisser l’accès pour les travaux nécessaires, sauf le week-end et jours fériés sans accord. Si les travaux dépassent 21 jours, une réduction de loyer est due. En cas d’abus, le locataire peut saisir le juge.
Quelles sont les normes à respecter pour qu’un logement meublé soit “décent” ?
Un logement décent doit être sûr, sain et confortable : 9 m² minimum, installations gaz/électricité sécurisées, chauffage, eau chaude, sanitaires, ventilation correcte. Depuis 2025, un logement classé G est interdit à la location. Le bailleur doit aussi fournir le mobilier minimum (lit, table, chaises, électroménager de base).
Doit-on demander un permis de construire pour rénover un appartement ?
Non pour les rénovations intérieures courantes (peinture, sols, cuisine…). Une déclaration préalable est requise si l’aspect extérieur ou une petite extension change. Un permis de construire est nécessaire pour un agrandissement >20 m² (ou >40 m² selon zones) ou des travaux structurels lourds. En copropriété, l’accord de l’assemblée générale est indispensable pour les parties communes ou façades.
Les travaux de rénovation sont-ils déductibles de mes revenus locatifs meublés ?
En régime réel, oui : les réparations sont déductibles et les améliorations amortissables, ce qui réduit fortement l’impôt. En micro-BIC, seul l’abattement forfaitaire (50 % ou 30 % en location saisonnière non classée) s’applique : aucune déduction spécifique possible. En LMP, les déficits peuvent s’imputer sur le revenu global.
Quelles aides financières un propriétaire bailleur peut-il obtenir pour rénover ?
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MaPrimeRénov’ Bailleur : jusqu’à 30-80 % du coût des travaux énergétiques (plafond ~15 000 €).
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Éco-PTZ : prêt à taux zéro jusqu’à 50 000 €, cumulable avec MaPrimeRénov’.
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ANAH : aides pour rénovations lourdes contre loyer modéré.
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TVA réduite : 10 % pour travaux courants, 5,5 % pour rénovation énergétique.
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Aides locales : primes complémentaires selon les collectivités.
Besoin d’aide ? 03 74 47 20 18
Sources
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Service-Public.fr – Interdiction de louer les passoires thermiques (actualité 03/01/2025)service-public.frservice-public.fr
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Service-Public.fr – Travaux à la charge du bailleur : droits du locataireservice-public.frservice-public.fr
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Legifrance – Loi n°89-462 du 6 juillet 1989 (obligations du bailleur, logement décent)camif-habitat.frservice-public.fr
-
ANIL – Logement décent : critères et mobilier minimum (décret du 31/07/2015)anil.organil.org
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JeDeclareMonMeuble.com – Statut LMNP 2025 : changements légaux et fiscauxjedeclaremonmeuble.comjedeclaremonmeuble.com
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Cerfrance – Nouveautés de la loi de finances 2025 pour les loueurs meubléscerfrance-dp.frcerfrance-dp.fr
-
Immobilier Danger – Autorisations d’urbanisme pour travaux (11/01/2024)immobilier-danger.comimmobilier-danger.com
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Camif Habitat – Obligations du propriétaire bailleur lors de travauxcamif-habitat.frcamif-habitat.fr
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PAP.fr – Liste du mobilier obligatoire en location meublée (à jour 2024)anil.orgpap.fr
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Expert en fiscalité immobilière
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Expert en défiscalisation