Les charges en Location Meublée : Plutôt provision ou forfait ?

La gestion des charges peut être complexe, surtout lorsqu'il s'agit de choisir entre la provision sur charges (charges réelles) et le forfait de charges. Cet article vous aidera à comprendre ces deux options afin de faire le meilleur choix pour votre activité de location meublée.

Kévin

16 septembre 2024

10 Minutes de lecture

charges

En tant que propriétaire-bailleur d’une location meublée, vous pouvez récupérer certaines charges locatives (dites charges récupérables) auprès de votre locataire. Il s’agit des dépenses liées à l’utilisation et à l’entretien courant du logement dont le locataire profite directement (eau, électricité des parties communes, ascenseur, taxe d’ordures ménagères, etc.). Ces charges récupérables sont fixées par la loi et un décret spécifique, et représentent souvent environ la moitié des charges totales que vous payez si le logement est en copropriété. Pour refacturer ces dépenses au locataire, deux méthodes principales existent : la provision sur charges (avec régularisation annuelle) et le forfait de charges (montant fixe sans régularisation).

 

 
 

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Comment fonctionnent les charges récupérables en location meublée ?

Les charges locatives récupérables sont considérées comme des sommes accessoires au loyer principal, que le bailleur peut demander au locataire en plus du loyer de base. En pratique, le bail de location meublée doit préciser le mode de paiement des charges : soit par provision avec régularisation annuelle, soit sous forme d’un forfait de charges. Chaque mode de récupération des charges a ses règles propres, définies par la loi, que nous détaillons ci-dessous.

  • Provision sur charges (charges réelles) : Le locataire verse une avance mensuelle pour les charges. Une fois par an, le propriétaire doit comparer le total versé aux dépenses réelles engagées et effectuer une régularisation annuelle. Si le locataire a trop payé, le surplus est remboursé ; si au contraire les provisions versées ne couvrent pas toutes les dépenses, le locataire doit payer un complément. Ce fonctionnement est encadré par l’article 23 de la loi du 6 juillet 1989, qui oblige notamment le bailleur à fournir au locataire un décompte détaillé des charges par nature, à justifier le montant des provisions demandées (par les résultats de l’exercice précédent ou le budget prévisionnel), et à conserver les pièces justificatives à disposition du locataire pendant 6 mois.

  • Forfait de charges : Introduit par la loi ALUR de 2014 (article 8) et codifié à l’article 25-10 de la loi du 6 juillet 1989, le forfait de charges est un montant fixe payé périodiquement en même temps que le loyer. Le locataire paie donc une somme forfaitaire chaque mois pour les charges, sans aucune régularisation ultérieure : peu importe les dépenses réelles, ni le locataire ni le bailleur n’auront à réclamer de complément ou de remboursement. La loi impose toutefois que le montant du forfait soit cohérent avec la réalité : il doit être fixé « en fonction des montants exigibles par le bailleur » selon les charges réelles et ne peut pas être manifestement disproportionné par rapport aux dépenses de charge constatées pour ce logement (par le locataire actuel ou le précédent). En clair, le forfait doit approcher les charges réelles moyennes du logement – il est interdit de le surévaluer excessivement, sous peine pour le locataire de contester et d’exiger un ajustement ou un remboursement du trop-perçu. À l’inverse, si le forfait est sous-évalué, le propriétaire devra assumer le surplus de sa poche, puisque aucune révision en cours d’année n’est possible. Le forfait de charges peut en revanche être révisé chaque année (généralement en suivant l’indice de référence des loyers, IRL), à condition que cela soit prévu au bail, exactement comme pour le loyer principal.

Provision sur charges : transparence et ajustement

La provision sur charges est la méthode la plus courante en location (notamment en location vide, et également utilisée en meublé). Chaque mois, vous demandez au locataire une somme provisionnelle en plus du loyer nu, destinée à couvrir les charges récupérables. Ce système est synonyme de transparence : le locataire paie au réel, ni plus ni moins, car vous devez régulariser en fonction des dépenses effectives. L’article 23 de la loi de 1989 encadre strictement ce mécanisme pour assurer une répartition juste des charges.

Concrètement, vous estimerez le montant mensuel de la provision en vous basant sur les charges locatives des années précédentes ou, si le logement est en copropriété, sur le budget prévisionnel et les derniers décomptes de charges que vous avez payés. Par exemple, si les charges récupérables de l’année passée étaient de 1 200 € (soit 100 € par mois), vous pouvez fixer une provision mensuelle d’environ 100 €. L’important est de coller au plus près de la réalité pour éviter de trop gros écarts lors de la régularisation.

Exemple concret :

Supposons que vous avez fixé 100 € de provision mensuelle. En fin d’année, le total des charges récupérables réelles s’élève finalement à 1 080 €. Le locataire a versé 1 200 € de provisions (12 × 100 €). Vous devrez donc lui rembourser 120 € de trop-perçu, en justifiant ce calcul avec le relevé détaillé des dépenses. À l’inverse, si les charges réelles avaient atteint 1 300 €, le locataire devrait vous payer 100 € supplémentaires pour couvrir le déficit.

Cette régularisation annuelle des charges doit être effectuée au moins une fois par an. Le bailleur doit communiquer au locataire, un mois avant la régularisation, le décompte par nature de chaque charge (eau, chauffage, électricité, etc.) et le mode de répartition entre les différents lots de l’immeuble. Une fois le décompte envoyé, le locataire peut exiger de consulter les justificatifs (factures, contrats d’entretien…) ; le propriétaire est tenu de tenir ces pièces à sa disposition pendant les 6 mois qui suivent.

Avantages de la provision sur charges

  • Exactitude et équité : Le locataire ne paye que ce qui est dû. S’il a versé trop de provisions, il récupère la différence, et s’il n’en a pas versé assez, il paie le complément. Cela garantit une répartition juste des dépenses réelles. Le locataire, comme le propriétaire, a ainsi l’assurance que les charges sont facturées à l’euro près, documents à l’appui.

  • Transparence financière : Chaque année, le locataire reçoit un décompte précis des charges. Cette transparence renforce la confiance, car le locataire voit comment son argent a été utilisé (factures d’eau, d’électricité des communs, contrats d’entretien, etc.). Pour le bailleur, c’est aussi la garantie de pouvoir imputer l’intégralité des charges récupérables au locataire sans perte financière, puisque tout ce qui est dû par le locataire sera effectivement récupéré.

  • Adaptation aux variations : Si les charges varient d’une année à l’autre (par exemple augmentation du coût de l’énergie, travaux d’entretien imprévus…), le système de provision s’ajuste automatiquement via la régularisation. Vous n’avez pas à craindre une hausse des charges : le surplus sera à la charge du locataire après régularisation.

Inconvénients de la provision sur charges

  • Gestion administrative lourde : Opter pour les charges réelles nécessite une gestion rigoureuse. Il faut calculer et communiquer les régularisations chaque année, préparer un décompte détaillé et conserver tous les justificatifs à disposition en cas de demande. Cela représente un travail administratif non négligeable pour le bailleur, surtout s’il possède plusieurs lots.

  • Risques de tensions à la régularisation : Malgré la transparence, les ajustements annuels peuvent parfois générer des désaccords ou incompréhensions. Un locataire peut mal accueillir une régularisation élevée à payer d’un coup, surtout s’il ne s’y attendait pas. À l’inverse, s’il reçoit un remboursement important, il pourrait se demander si la provision n’était pas surestimée initialement. Il est donc crucial d’expliquer le fonctionnement dès la signature du bail et de fixer une provision aussi précise que possible pour limiter les surprises.

  • Trésorerie et suivi : En tant que propriétaire, vous devez avancer certaines dépenses au fil de l’année (par exemple, payer les charges de copropriété trimestrielles) en attendant de les récupérer via les provisions mensuelles du locataire. Si les provisions sont mal évaluées, vous pourriez subir un décalage de trésorerie (en cas de sous-provisionnement) ou devoir rembourser une somme conséquente (en cas de sur-provisionnement). Une estimation fine et des ajustements réguliers du montant de la provision peuvent atténuer ce problème.

Forfait de charges : simplicité et stabilité

Le forfait de charges est une formule alternative réservée aux locations meublées (et à certaines colocations). Ici, pas de calculs annuels ni de soldes à régler : le locataire paie un montant fixe prédéfini chaque mois, en même temps que son loyer, et ce montant couvre l’ensemble des charges récupérables. Aucune régularisation n’est effectuée par la suite, même si les dépenses réelles diffèrent du forfait. Cette simplicité séduit de nombreux bailleurs en meublé, car elle facilite la gestion au quotidien.

Le montant du forfait doit être déterminé avec soin. Il convient de l’estimer à partir des charges locatives moyennes du logement, sur la base des années antérieures ou des charges d’un logement comparable. L’article 25-10 de la loi de 1989 impose explicitement que ce montant ne soit pas disproportionné par rapport aux charges réelles du logement. En pratique, cela signifie par exemple que si le précédent locataire payait environ 50 € de charges par mois en moyenne, le forfait ne peut pas être fixé à 150 € : un tel écart serait jugé abusif. Le forfait doit « grosso modo correspondre aux dépenses réelles » du logement. Cette obligation protège le locataire d’éventuels abus (comme le fait de gonfler artificiellement les charges pour augmenter le loyer déguisé). Un locataire estimant que le forfait est excessif pourrait contester et demander une diminution, voire requalifier le surplus en loyer si le forfait manifestement dépasse les charges effectives.

À l’inverse, si vous sous-évaluez le forfait de charges, aucune compensation ne pourra vous être demandée au locataire en fin d’année. Vous devrez supporter vous-même la différence. Attention donc au risque de sous-évaluation : assurez-vous de ne pas fixer un forfait en dessous du niveau réel des charges, surtout en période d’augmentation des coûts (énergie, eau, etc.). La loi vous permet toutefois de réviser annuellement le forfait, dans les mêmes conditions que le loyer. Par exemple, si le bail prévoit une indexation annuelle du loyer sur l’IRL, vous pourrez appliquer la même hausse au forfait de charges chaque année, ce qui aide à compenser l’inflation des charges. En dehors de cette révision contractuelle, vous ne pouvez pas ajuster le forfait en cours d’année : il reste fixe jusqu’à la prochaine révision prévue ou jusqu’à un nouveau bail.

Avantages du forfait de charges

  • Simplicité de gestion : Le principal atout du forfait est sa simplicité. Vous n’avez plus à faire de régularisation ni à éplucher les factures pour justifier les comptes chaque année. Une fois le forfait fixé et indiqué au bail, la gestion des charges est quasiment automatique. Cela représente un gain de temps considérable pour le bailleur, qui n’a pas de calculs complexes à effectuer ni de documents à transmettre annuellement.
  • Stabilité et prévisibilité : Le locataire connaît dès le départ le montant exact qu’il paiera chaque mois, charges comprises, sans risque de mauvaise surprise en fin d’année. Cette stabilité financière est rassurante pour le locataire comme pour le propriétaire. Pour le locataire, c’est la garantie de ne pas avoir à sortir une somme imprévue pour des charges supplémentaires. Pour le propriétaire, c’est l’assurance de percevoir le même total chaque mois, ce qui facilite les prévisions de rentabilité.
  • Moins de conflits potentiels : Étant donné qu’il n’y a pas de régularisation, il y a moins de sujets de friction liés aux charges. Pas de contestation sur une facture d’eau plus élevée que prévu ou sur la répartition des coûts : le forfait évite les discussions annuelles sur la véracité et la justification des dépenses. Si le forfait est correctement évalué, locataire et bailleur peuvent s’éviter les échanges souvent sensibles autour des régularisations de charges.

Inconvénients du forfait de charges

  • Risque pour le bailleur en cas de hausse des charges : Si les dépenses de charges augmentent significativement, le forfait peut rapidement devenir insuffisant. Dans ce cas, le surplus de charges reste à la charge du propriétaire, ce qui réduit d’autant la rentabilité locative. Par exemple, une forte augmentation du prix du chauffage collectif ou de l’eau aura un impact direct sur vos finances tant que le forfait n’est pas réajusté (à la prochaine révision annuelle, le cas échéant). Le bailleur doit donc assumer un risque d’exploitation plus grand, surtout sur des postes de charges volatils.

  • Nécessité d’une estimation précise : Bien évaluer le montant du forfait est crucial. Une erreur d’estimation peut soit léser le locataire (si le forfait est trop élevé), soit vous faire subir des pertes (s’il est trop bas). Comme aucune compensation n’est possible en fin d’exercice, le forfait doit être calculé de manière très prudente. Il peut être tentant de le « gonfler » un peu pour se prémunir, mais attention : la loi vous limite et sanctionne les abus. Il faut donc trouver le juste équilibre, en se basant sur les données historiques de consommation du logement. Cette nécessité de précision peut être un défi, notamment pour un nouveau bien dont vous n’avez pas encore d’historique de charges.

  • Moindre transparence sur l’utilisation des fonds : Contrairement à la provision, le forfait n’implique pas de fournir un décompte des charges au locataire. Si ce dernier est soucieux de connaître le détail des dépenses, il pourrait regretter le manque d’information. Il paye un montant global sans savoir précisément comment il se décompose. Bien que la loi n’impose pas de justification annuelle dans ce cas, préparez-vous à expliquer au moins initialement comment vous avez évalué le forfait (par exemple, en montrant les charges des précédents locataires) pour instaurer une relation de confiance.

Choisir entre provision et forfait : quelle option privilégier ?

Le choix entre la provision sur charges et le forfait de charges dépend de plusieurs facteurs liés à votre situation et à celle du logement. Voici les principaux critères à considérer :

  • Variabilité des charges du logement : C’est sans doute le critère numéro un. Si votre bien présente des charges mensuelles stables et prévisibles, le forfait de charges peut être très avantageux. Par exemple, un appartement récent avec chauffage individuel et peu de parties communes aura des charges assez constantes : dans ce cas, un forfait bien calibré simplifiera la gestion pour vous comme pour le locataire, sans grand risque d’écart. En revanche, si les charges sont fluctuantes ou difficiles à estimer – par exemple un logement dans un immeuble ancien avec chauffage collectif, ascenseur, des travaux réguliers de maintenance – la provision sur charges est plus sûre. Elle vous permettra d’ajuster en fin d’année au plus près des dépenses réelles, évitant de supporter vous-même d’éventuels dépassements importants.

  • Tolérance à la gestion administrative : Êtes-vous prêt à gérer un suivi annuel des charges ? Si tenir un décompte, conserver des justificatifs et calculer des régularisations ne vous fait pas peur (ou si vous déléguez cette gestion à un syndic ou un gestionnaire), la provision sur charges ne posera pas de problème et garantira la justesse des comptes. En revanche, si vous préférez une gestion simplifiée, sans formalités annuelles, le forfait de charges vous apportera une tranquillité d’esprit. C’est un argument important pour les propriétaires bailleurs qui ont plusieurs biens ou peu de temps à consacrer à la paperasse.

  • Relation et communication avec le locataire : Connaître son locataire peut aider à trancher. Avec un locataire de bonne foi, soigneux et compréhensif, la provision sur charges peut très bien se passer, d’autant qu’il verra votre transparence dans la régularisation. Cependant, si vous craignez des contestations systématiques ou des tensions lors des régularisations (par exemple, un locataire scrupuleux qui chipotera chaque dépense), le forfait évitera ces situations. D’un autre côté, un locataire soucieux de maîtriser ses dépenses pourrait préférer payer au réel via une provision, plutôt qu’un forfait potentiellement surévalué. L’important est d’expliquer clairement le fonctionnement du mode choisi dès la signature du bail pour obtenir l’adhésion du locataire.

  • Durée de la location et type de bail : Sur de courtes durées ou des locations saisonnières, le forfait est presque toujours utilisé car il serait complexe de faire une régularisation sur quelques mois. Pour une location meublée de longue durée (bail d’un an reconductible tacitement), les deux options sont ouvertes. Notez que pour les baux mobilité (locations meublées de courte durée dans le cadre spécifique de la loi ELAN), seul le forfait de charges est autorisé par la loi. Dans la plupart des baux meublés classiques, vous avez le choix. Pensez aussi à l’impact fiscal éventuel : en régime réel d’imposition, par exemple, les charges locatives récupérées n’entrent pas dans vos revenus fonciers, quel que soit le mode, donc cela ne change rien de ce point de vue.

Exemple d’aide à la décision :

Vous louez un appartement meublé dans une résidence récente avec peu de dépenses communes (pas d’ascenseur, pas de concierge, chauffage individuel). Les charges annuelles se résument à l’eau froide et l’électricité des parties communes, soit ~30 € par mois. Ici, un forfait de charges de 30 € mensuels serait cohérent et très simple à gérer. Le locataire saura qu’il paie 30 € de charges fixes chaque mois, et vous n’aurez aucune régularisation à faire. À l’inverse, vous possédez un grand appartement dans un immeuble ancien avec ascenseur, chauffage collectif et jardin partagé : les charges peuvent osciller entre 100 € et 150 € par mois selon les travaux et la consommation de chauffage.

Dans ce cas, il vaut mieux opter pour la provision sur charges, par exemple 120 € par mois, quitte à ajuster en fin d’année. Vous éviterez ainsi de devoir assumer un éventuel dépassement, et le locataire payera toujours le juste montant, même si c’est un peu plus variable.

Enfin, sachez que rien n’est figé définitivement : si vous constatez à l’usage que le mode choisi n’est pas optimal, vous pouvez décider, en accord avec le locataire, de modifier les modalités de charges lors d’un renouvellement de bail ou d’un avenant (par exemple, passer d’un forfait à une provision si les charges deviennent trop imprévisibles, ou l’inverse). Le tout est de respecter le cadre légal et d’obtenir l’accord du locataire pour de tels changements contractuels.

Cas particulier : départ anticipé du locataire et règlement des charges

Il arrive qu’un locataire quitte le logement en cours de bail ou avant la fin de son préavis. Comment gérer le paiement des charges dans ces situations ? La règle générale, c’est que les charges (tout comme le loyer) sont dues pendant toute la durée d’occupation contractuelle du logement, et ce même si le locataire part physiquement plus tôt. Mais il faut distinguer plusieurs cas de figure, en supposant que le locataire payait des charges (provision ou forfait) tous les mois :

  • Le locataire donne son congé et quitte avant la fin du préavis : Imaginons que votre locataire vous donne son préavis d’un mois le 1ᵉʳ mars, ce qui fixe la fin du bail au 31 mars. S’il quitte les lieux le 15 mars, il reste redevable du loyer et des charges jusqu’au 31 mars. Le locataire doit donc payer les charges locatives jusqu’à la fin officielle du préavis, même en cas de départ anticipé. Cependant, si vous relouez le logement avant la fin du préavis (par exemple à un nouveau locataire dès le 20 mars), alors le locataire sortant n’a plus à payer les charges à partir de la date à laquelle le nouveau locataire commence à payer les siennes. Le propriétaire ne peut pas percevoir deux fois les charges (ni le loyer) pour la même période, il est donc dans l’intérêt de tous de relouer rapidement en cas de départ anticipé.

  • Le bailleur donne congé (fin de bail à son initiative) : Si c’est vous, propriétaire, qui avez donné congé (par exemple pour vendre ou reprendre le logement, dans le respect du préavis légal), le locataire peut choisir de quitter les lieux avant la date de fin de bail. Dans ce cas, le locataire ne paie les charges que pour la période effectivement occupée. Autrement dit, dès qu’il a quitté le logement, il n’est plus redevable ni du loyer ni des charges pour le temps restant jusqu’à la fin du bail initialement prévue. Cette situation est particulière car la loi permet au locataire, lorsqu’il subit le congé du propriétaire, de partir quand il le souhaite durant le préavis sans avoir à payer au-delà de son occupation effective.

  • Départ en cours d’année et régularisation : Si votre locataire payait une provision sur charges, un départ en cours d’année ne vous dispense pas de faire une régularisation finale. Il faudra calculer les charges dues du 1ᵉʳ janvier jusqu’à la date de son départ et comparer aux provisions versées sur cette période. S’il a payé trop de provisions par rapport aux dépenses réelles jusqu’à son départ, vous devrez lui rembourser le trop-perçu lors du solde de tout compte (souvent au moment de la restitution du dépôt de garantie, ou séparément). S’il n’a pas assez versé, vous êtes en droit de lui réclamer un complément.
    Ce calcul au prorata temporis garantit que le locataire ne paie que les charges de sa période d’occupation. En forfait de charges, la question est plus simple : le locataire aura payé son forfait mensuel jusqu’à son dernier mois de présence, il n’y a pas de régularisation à effectuer, hormis éventuellement rembourser la partie du mois non occupé si le loyer et les charges avaient été payés d’avance au-delà de la date de départ (par exemple, s’il avait payé tout le mois de mars mais ne reste que jusqu’au 15, on peut rembourser la moitié du forfait de mars au prorata des jours non occupés).

En résumé, en cas de départ anticipé, appliquez le principe du prorata temporis et du respect du préavis légal. Le locataire doit payer les charges jusqu’à la fin de son préavis (sauf relocation entre-temps ou dispense négociée), ou jusqu’à son départ effectif si c’est vous qui avez donné congé. N’oubliez pas de faire les comptes de régularisation finale si besoin, afin de clôturer proprement la relation locative.

Fixer le montant des charges en location meublée

Que vous optiez pour la provision sur charges ou pour le forfait, déterminer le bon montant des charges à facturer au locataire est essentiel. Un montant bien calibré évite les litiges et les problèmes de trésorerie. Voici quelques conseils pour fixer ce montant de manière juste et documentée :

  • Estimez à partir de données fiables : Basez-vous sur les charges réelles des années précédentes. Si vous louez depuis un moment, utilisez le résultat de la dernière régularisation annuelle des charges comme référence pour l’année à venir. Par exemple, si l’an dernier les charges récupérables se sont élevées à 1 800 € sur l’année (150 € par mois), c’est un bon indicateur pour fixer soit une provision mensuelle équivalente, soit un forfait de l’ordre de 150 €. Si le logement est dans une copropriété, servez-vous du budget prévisionnel et du dernier appel de charges du syndic en distinguant bien la part locative (charges récupérables) de la part propriétaire (charges non récupérables). Souvenez-vous que toutes les charges que vous payez ne sont pas refacturables au locataire : par exemple, les frais de syndic, le fonds de travaux, les grosses réparations, etc., restent à votre charge. En moyenne, la part récupérable représente environ 50 % des charges totales de copropriété, mais calculez-le précisément pour votre cas.

  • Justifiez le montant auprès du locataire : La loi vous oblige à justifier le montant des charges demandé au locataire. Pour une provision sur charges, vous devez, au moment de la régularisation, présenter le détail des dépenses et montrer que les provisions correspondaient à une estimation des coûts réels. Dès la signature du bail, il est d’usage de communiquer au locataire le calcul des provisions : par exemple, “provision mensuelle de 100 € basée sur le décompte de charges 2024 où les charges récupérables étaient de 1 200 € annuels”. Pour un forfait de charges, soyez transparent sur la manière dont vous l’avez fixé : par exemple, indiquez que “le forfait mensuel de 100 € est établi d’après la moyenne des charges des deux dernières années pour ce logement”. Cette transparence dès le départ désamorce bien des questions et prouve votre bonne foi, tout en légitimant le montant aux yeux du locataire.

  • Restez raisonnable et dans la légalité : Si vous optez pour un forfait, ne cédez pas à la tentation de le surévaluer pour vous créer une marge de sécurité. Un forfait excessif serait illégal (montant disproportionné par rapport aux charges réelles) et pourrait être contesté par le locataire. Au contraire, si vous fixez un forfait volontairement bas pour attirer le locataire, sachez que vous ne pourrez pas exiger de rallonge plus tard pour combler la différence. Trouvez le juste milieu en vous appuyant sur les chiffres concrets. De même, évitez de pratiquer un loyer “charges comprises” sans détail dans le bail : la loi impose de distinguer le loyer nu et les charges, et d’indiquer le mode de règlement des charges. Un bail où rien n’est précisé peut être source de conflits et d’incompréhension.

  • Prévoir l’évolution des charges : Les charges ont tendance à évoluer (coût de l’énergie, de l’eau, décisions de la copropriété…). Anticipez ces évolutions. Pour une provision sur charges, vous pouvez ajuster le montant des provisions en cours d’année si vous constatez un écart significatif, en accord avec le locataire, ou plus classiquement attendre la régularisation annuelle pour réévaluer les provisions de l’année suivante. Pour un forfait de charges, pensez à inclure une clause de révision annuelle dans le bail, calquée sur la révision du loyer (par exemple indexée sur l’IRL). Ainsi, vous pourrez augmenter légèrement le forfait chaque année pour suivre l’inflation des charges, ce qui évite qu’il ne devienne obsolète. Si aucune clause de révision n’est prévue, le forfait restera fixe pendant toute la durée du bail, quel que soit l’augmentation des coûts : ne l’oubliez pas lors de la fixation initiale.

  • Communiquez et restez à l’écoute : Enfin, gardez à l’esprit que les charges locatives peuvent être un sujet sensible. Un locataire appréciera toujours un propriétaire pédagogue et ouvert à la discussion. N’hésitez pas à expliquer le contenu des charges (quels services elles couvrent : nettoyage, éclairage, ascenseur, etc.), surtout si le locataire n’est pas familier de la copropriété. S’il émet des doutes ou des questions lors d’une régularisation, apportez-lui les justificatifs nécessaires ou des explications claires. Une bonne communication évite la méfiance et permet de trouver un terrain d’entente plus facilement en cas de désaccord sur les charges.

En respectant ces principes, vous fixerez un montant de charges cohérent, justifié et évolutif si besoin, ce qui sécurise votre relation locative. Rappelons enfin qu’une gestion rigoureuse des charges locatives, qu’il s’agisse d’un forfait ou de provisions, est dans l’intérêt des deux parties : le locataire paye ce qu’il doit en bénéficiant des services prévus, et le propriétaire couvre ses dépenses sans perte financière indue. Avec un peu de méthode et de transparence, les charges en location meublée ne seront plus une source de stress, mais un simple volet bien maîtrisé de la gestion locative.

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