Sommaire de l'article
- Synthèse de l’article
- Qu’est-ce qu’une grille de vétusté ?
- Comment calculer la vétusté d’un logement ?
- Pourquoi inclure une grille de vétusté dans le bail ?
- Qui répare quoi ? (Bailleur vs locataire)
- Où trouver un modèle de grille de vétusté conforme ?
- Cas pratiques pour mieux comprendre
- Foire aux questions
- Sources officielles
En location immobilière, l’état des lieux de sortie peut tourner au casse-tête : qu’est-ce qui relève de l’usure normale du temps, et qu’est-ce qui est dû à une mauvaise utilisation par le locataire ? C’est là qu’intervient la grille de vétusté. Introduite par la loi Alur, cette grille est un outil précieux pour évaluer de façon objective l’usure naturelle d’un logement. Dans cet article, nous vous expliquons ce qu’est une grille de vétusté, comment elle se calcule, et comment l’utiliser pour prévenir les litiges en fin de bail – notamment si vous louez un logement meublé.
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Synthèse de l’article
La grille de vétusté est un document annexé au bail qui définit l’usure normale des équipements d’un logement en fonction de leur ancienneté. Non obligatoire mais recommandée, elle permet de faire la part entre le vieillissement naturel et les dégradations imputables au locataire lors de l’état des lieux de sortie. Concrètement, la grille fixe pour chaque élément une durée de vie théorique, une éventuelle franchise (période sans usure), un taux d’usure annuel et une valeur résiduelle minimale. À partir de ces critères, on calcule un pourcentage de vétusté qui vient diminuer le coût à charge du locataire en cas de réparations. Résultat : les frais de remise en état sont répartis équitablement entre bailleur et locataire, ce qui limite les conflits au moment de restituer le dépôt de garantie. En location meublée (LMNP/LMP), la grille de vétusté est particulièrement utile étant donné la présence de nombreux équipements mobiliers. En somme, c’est un outil simple qui sécurise les deux parties et fluidifie la gestion locative.
Qu’est-ce qu’une grille de vétusté ?
La vétusté désigne l’usure ou le vieillissement naturel d’un bien, causé par le temps et l’usage normal. Juridiquement, le décret n°2016-382 du 30 mars 2016 la définit comme « l’état d’usure ou de détérioration résultant du temps ou de l’usage normal des matériaux et éléments d’équipement dont est constitué le logement ». En clair, c’est l’usure normale d’un logement occupé, par opposition à une dégradation due à un mauvais usage ou à un manque d’entretien.
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Vétusté (usure normale) : conséquence de l’usage standard et du temps qui passe. Exemple : une peinture qui jaunit après plusieurs années, un revêtement de sol qui s’affadit. Ces dégradations ne sont pas la faute du locataire, et leur réparation incombe donc au propriétaire.
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Dégradation (anormale) : dommage causé par un acte ou une négligence du locataire. Exemple : un trou dans un mur, une vitre brisée par un choc, une hotte aspirante cassée par mauvais usage. Ces réparations sont à la charge du locataire (souvent via une retenue sur son dépôt de garantie).
Grille de vétusté : c’est un tableau de référence qui permet de distinguer ces deux types d’usure. Concrètement, pour les principaux éléments du logement (murs, sols, équipements, électroménager, etc.), la grille indique :
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une durée de vie théorique (en années) de l’élément ;
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éventuellement une période de franchise (années initiales pendant lesquelles l’usure est considérée comme négligeable) ;
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un taux d’abattement annuel (pourcentage de dépréciation par année une fois la franchise passée) ;
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une part résiduelle minimale (pourcentage du coût qui restera toujours à charge du locataire, même si l’élément est très vétuste).
Ce document doit être convenu entre le propriétaire et le locataire dès la signature du bail. La loi Alur de 2014 offre en effet au locataire le droit d’exiger qu’une grille de vétusté soit annexée au contrat de location meublée ou vide.
Attention :
La grille choisie doit obligatoirement provenir d’un accord collectif de location (comme ceux utilisés dans le logement social) ou d’un modèle officiellement reconnu. Autrement dit, on ne peut pas “inventer” sa propre grille dans son coin ; il faut en utiliser une qui a été négociée et validée par des organismes représentatifs (OPH, associations de locataires…). On trouve heureusement facilement ces grilles conventionnelles en ligne (nous y reviendrons).
La grille de vétusté est-elle obligatoire ?
Non, son usage est facultatif dans le privé – le décret 2016-382 prévoit simplement que « les parties au contrat de location peuvent convenir de l’application d’une grille de vétusté ». Il n’y a donc aucune obligation légale d’en annexer une. Cependant, si elle est prévue au bail, alors elle s’impose aux deux parties et doit être jointe en annexe audit bail. Dans les logements sociaux (HLM), l’utilisation d’une grille de vétusté fait souvent l’objet d’accords collectifs locaux obligatoires, mais dans une location privée c’est une démarche volontaire du bailleur ou du locataire. De nombreux professionnels la recommandent vivement, car elle apporte une base objective en cas de désaccord sur les retenues du dépôt de garantie.
Comment calculer la vétusté d’un logement ?
Pour calculer l’usure d’un élément du logement grâce à la grille de vétusté, il suffit d’appliquer les paramètres définis par la grille. Voici les quatre notions clés à comprendre :
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Durée de vie théorique – C’est la durée d’usage normal estimée pour l’équipement, au-delà de laquelle il est considéré comme usé. Par ex., une peinture murale a une durée de vie d’environ 7 ans, une moquette 7 à 10 ans, un réfrigérateur 10 ans, une fenêtre PVC 20 ans.
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Franchise – Il s’agit de la période initiale (souvent les premières années) pendant laquelle l’usure est nulle ou négligeable. Pendant la franchise, on considère que l’élément reste “comme neuf” et aucune vétusté n’est imputable au locataire. (Ex: franchise de 1 an pour une peinture neuve – la première année, même si la peinture a un peu vieilli, on ne comptera rien au locataire.)
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Taux d’abattement annuel – C’est le pourcentage d’usure par an une fois la franchise expirée. Ce taux, fixé par la grille, représente la dépréciation normale de l’élément chaque année. (Ex: 10 % par an pour une moquette après la 2ᵉ année, 7 %/an pour un matelas après 5 ans de franchise, 14 %/an pour un placard après 9 ans de franchise…).
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Part résiduelle – Même si un équipement a dépassé sa durée de vie théorique (100 % d’usure), la grille prévoit généralement qu’il reste une part minimale à la charge du locataire en cas de dégradation. Typiquement de l’ordre de 10 à 20 % du coût de remplacement. Cela évite qu’un locataire n’ait rien à payer du tout sur un élément très ancien qu’il aurait pourtant endommagé au-delà de l’usure normale.
Méthode de calcul : Munis de ces données, le calcul se fait en 4 étapes :
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Identifier l’élément concerné et sa valeur de remplacement (ex: coût d’une peinture neuve sur les murs, prix d’un appareil électroménager neuf équivalent, etc.).
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Déterminer l’âge réel de l’élément (depuis sa mise en service ou dernier remplacement). Par exemple, la peinture a été refaite il y a 5 ans.
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Appliquer la franchise : si l’élément n’a pas encore atteint la fin de sa période de franchise, la vétusté = 0. Si la franchise est dépassée, calculer le nombre d’années au-delà de la franchise.
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Calculer l’usure : Vétusté (%) = (nombre d’années après franchise) × (taux d’abattement annuel). On peut ensuite appliquer ce pourcentage au coût de remplacement pour savoir quelle part est à la charge du propriétaire (usure normale) et quelle part reste à charge locative. Enfin, on tient compte de la part résiduelle le cas échéant.
Exemple concret de calcul :
Un propriétaire a installé une nouvelle moquette dans le salon, d’une valeur de 1 000 €, avant l’entrée du locataire. La grille de vétusté retenue indique pour les moquettes :
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Durée de vie théorique : 7 ans
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Franchise : 2 ans (pas d’usure imputable pendant les 2 premières années)
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Taux d’abattement : 10 % par an au-delà de 2 ans
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Part résiduelle : 10 %.
Le locataire occupe le logement pendant 6 ans puis part. Comment répartir le coût si la moquette est trouvée très usée et doit être remplacée ?
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Âge de la moquette en sortie : 6 ans. Franchise (2 ans) dépassée de 4 ans.
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Usure naturelle calculée : 4 ans × 10 % = 40 % de vétusté (usure normale).
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Usure imputable au locataire : on considère qu’idéalement 60 % de la valeur devrait rester (puisque 40 % partis en vétusté). Donc 60 % du coût de remplacement pourrait être à charge locataire. Mais la part résiduelle stipule que le locataire doit au minimum 10 % du coût, même si l’usure calculée dépasse 90 %. Ici, l’usure calculée n’est que 40 %, donc on n’atteint pas la part résiduelle minimum – on la note juste en réserve.
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Application chiffrée : Coût neuf 1 000 €. Usure naturelle 40 % = 400 € (part que le propriétaire assume, car c’est l’usure du temps). Le reste 600 € correspond à l’usure “anormale” – donc a priori à facturer au locataire via le dépôt de garantie. On vérifie la part résiduelle : 10 % de 1 000 € = 100 €. Ici le locataire paye 600 €, bien au-delà de 100 €, la condition est remplie. Conclusion : le bailleur peut retenir 600 € sur le dépôt de garantie pour la moquette, et lui-même finance 400 € (40 %) sur la nouvelle moquette.
Si le locataire était resté plus longtemps, l’usure normale augmenterait chaque année. Par exemple, s’il était resté 10 ans (au-delà de la durée de vie de 7 ans), la vétusté normale atteindrait 100 %. Le propriétaire devrait alors théoriquement tout prendre à sa charge… sauf la part résiduelle de 10 % prévue : le locataire paierait quand même 10 % du coût neuf.
À noter :
Il n’existe pas de grille de vétusté spécifique pour le mobilier meublant (meubles non fixés) dans la location meublée privée. La grille utilisée couvre généralement les éléments indissociables du logement (revêtements, installations, équipements fixes, électroménager encastré, etc.). Pour les meubles meublants (lit, canapé, armoire, etc.), l’approche recommandée est plus empirique : on estime leur valeur d’usage en se basant sur le prix d’occasion sur le marché au moment du départ du locataire, plutôt qu’en appliquant un coefficient théorique. En pratique, un meuble de 5 ans en bon état ne vaut plus le prix du neuf, et il serait excessif de réclamer au locataire le remboursement complet – on évaluera une valeur raisonnable ou on appliquera éventuellement l’amortissement comptable si c’est du mobilier déclaré.
Pourquoi inclure une grille de vétusté dans le bail ?
Même facultative, la grille de vétusté présente de nombreux avantages pour les deux parties :
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Prévenir les conflits : Tout est clair dès le début ! La grille, annexée au contrat, sert de référence commune lors de l’état des lieux de sortie. Le locataire sait à quoi s’en tenir, et le propriétaire également, ce qui évite les désaccords arbitraires sur les retenues.
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Objectivité : La grille introduit des critères mesurables (années, pourcentages) là où, sinon, l’appréciation de l’usure serait subjective. En cas de contestation, c’est un support objectif dont pourra même se servir un juge le cas échéant.
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Équité : Elle permet de répartir équitablement les coûts de remise en état. Le locataire ne paie que la part correspondant à une dégradation anormale, et le bailleur assume la vétusté normale. Chacun prend sa part de responsabilité, ce qui est logiquement juste.
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Protection du locataire : Sans grille, un propriétaire pourrait être tenté de tout imputer au locataire. Avec la grille, le locataire est protégé contre les retenues abusives liées à l’usure normale (qui, rappelons-le, restent à la charge du bailleur). Par exemple, il n’aura pas à payer intégralement une peinture qui s’est simplement défraîchie avec le temps.
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Sécurité du propriétaire : À l’inverse, le propriétaire dispose d’un levier légitime pour facturer les véritables dégradations. Si le logement est rendu dans un état anormalement dégradé compte tenu de la durée d’occupation, la grille justifie les sommes retenues sur le dépôt de garantie. C’est une preuve de bonne foi en cas de contestation.
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Confiance mutuelle : Intégrer une grille de vétusté dès le bail instaure un climat de confiance. C’est un signe de transparence de la part du bailleur (il montre qu’il ne cherchera pas à faire payer la vétusté normale), et c’est rassurant pour le propriétaire de voir que le locataire comprend ses obligations en cas de dégâts anormaux.
En somme, la grille de vétusté contribue à une gestion locative sereine. Locataire et bailleur ont intérêt à s’y retrouver : moins de litiges, une restitution du dépôt de garantie plus rapide, et potentiellement moins d’usure car un locataire informé prendra soin de ne pas dépasser la part d’usure normale (effet responsabilisant).
Est-ce utile en location meublée (LMNP/LMP) ?
Oui, tout particulièrement. En meublé, le logement comporte par définition de nombreux équipements et meubles qui s’usent : électroménager, mobilier, literie, vaisselle… Une grille de vétusté adaptée aux meublés permettra d’objectiver l’usure de ces éléments. D’ailleurs, la loi impose une liste de meubles minimum en meublé – le locataire n’est pas responsable de leur vieillissement normal, mais seulement d’éventuelles casses ou usages anormaux. La grille de vétusté couvrira typiquement les gros équipements (lit, frigo, plaques de cuisson, chauffe-eau, etc.) pour qu’en fin de bail on sache qui doit payer quoi. Si vous êtes loueur en meublé (LMNP/LMP), c’est donc un atout de plus pour sécuriser votre investissement locatif.
Qui répare quoi ? (Bailleur vs locataire)
L’usage d’une grille de vétusté s’inscrit dans le cadre plus global des obligations d’entretien de chacun pendant la location. Petit rappel des responsabilités :
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Obligations du propriétaire (bailleur) : Il doit fournir un logement décent et en bon état d’usage. Toutes les réparations dues à la vétusté ou à l’usure normale sont à sa charge, même si ce sont des réparations locatives minimes sur le papier. En clair, c’est au propriétaire de remplacer un équipement qui arrive en fin de vie, de repeindre périodiquement si les peintures sont vieillissantes, de changer une chaudière en panne par ancienneté, etc. Il prend aussi en charge les vices de construction ou gros travaux non imputables au locataire. La grille de vétusté vient quantifier cette usure normale pour faciliter la gestion.
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Obligations du locataire : Le locataire doit pour sa part maintenir le logement en bon état par un entretien régulier et assumer les menues réparations et dégradations causées par son fait. En cours de bail, cela signifie effectuer les petits travaux (joints, ampoules, entretien courant…) et déclarer au bailleur tout problème sérieux (ex: une fuite liée à la vétusté des canalisations – c’est au bailleur de la réparer, mais au locataire de le prévenir). Lors de la sortie, le locataire est responsable des dégradations qui excèdent l’usure normale. Si, par exemple, il a fissuré un carreau ou cassé un appareil électroménager par mauvaise manipulation, il devra en assumer le coût. En revanche, si ce même appareil tombe en panne simplement parce qu’il était en fin de vie, le locataire n’a rien à payer – c’est de la vétusté.
La grille de vétusté formalise ces règles : tout dommage constaté à l’état des lieux de sortie sera comparé à la grille. Si le dommage dépasse ce qu’on pouvait attendre comme usure “naturelle” sur la période, la différence sera imputée au locataire. Sinon (dommage lié à la vétusté uniquement), le locataire ne paiera rien et le bailleur assumera la réparation complète. Cela évite les discussions interminables car on dispose d’un référentiel chiffré.
À noter :
Lorsqu’aucune grille de vétusté n’est prévue au bail, la loi s’applique classiquement : le bailleur ne peut retenir sur le dépôt de garantie que ce qui correspond à des dégradations effectivement causées par le locataire (et prouvables comme telles), pas l’usure du temps. En pratique, sans grille, il arrive que des désaccords surviennent car la notion d’“usure normale” est subjective. Le locataire peut contester des retenues en saisissant la commission de conciliation ou le juge. D’où l’intérêt d’anticiper ces situations avec une grille de vétusté claire.
Où trouver un modèle de grille de vétusté conforme ?
Utiliser un modèle officiel : Comme indiqué plus haut, si vous souhaitez appliquer une grille de vétusté, il faut en choisir une qui a fait l’objet d’un accord collectif (généralement un accord local entre organismes de logement social et associations de locataires, conformément à l’article 41 ter de la loi de 1989). Pas de panique : plusieurs grilles types ont déjà été négociées et sont librement disponibles. Par exemple :
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la grille de vétusté de l’OPAC de Paris (Office public d’aménagement et de construction) – très souvent reprise comme référence standard ;
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la grille Angers-Loire Habitat, ou celle du groupe 3F (bailleur social) – également citées dans les guides de location car elles couvrent la plupart des cas ;
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la grille conventionnelle de l’ANAH (Agence nationale de l’habitat) – utilisée dans certaines conventions de rénovation.
Vous pouvez vous procurer ces grilles via une simple recherche (souvent en PDF sur les sites des offices HLM ou sur des sites publics). Le site de l’Institut National de la Consommation (INC) donne également des exemples d’accords collectifs et explique leur contenu. Choisissez une grille adaptée au type de logement (par ex., une grille de vétusté prévue pour les logements HLM convient aussi à un logement privé standard, car les matériaux sont les mêmes).
Annexer la grille au bail : Une fois le modèle choisi, il doit être joint en annexe du contrat de location signé par les deux parties, et idéalement mentionné dans une clause du bail (ex: « Les parties conviennent d’appliquer la grille de vétusté [nom de la grille] annexée au présent contrat »). Fournissez-en une copie au locataire. Ainsi, lors de l’état des lieux d’entrée, vous pourrez noter l’état initial de chaque élément et éventuellement indiquer son ancienneté pour référence.
Au moment de l’état des lieux de sortie, vous appliquerez la grille : si un élément est dégradé, vous comparerez l’état initial, l’état final, et calculerez la vétusté en fonction de l’ancienneté. Cela permet de déterminer combien le locataire devra payer (via une retenue sur dépôt de garantie) et quelle part restera à votre charge. Le locataire, ayant accepté la grille, sera moins surpris et il sera plus difficile pour lui de contester les retenues justifiées.
Astuce pratique
Pensez à garder toutes les factures ou preuves de l’âge des éléments (achat d’électroménager, factures de travaux) pour pouvoir établir précisément leur âge lors du calcul de vétusté. En LMNP, ces factures vous servent d’ailleurs aussi pour votre comptabilité (amortissements).
Cas pratiques pour mieux comprendre
Pour ancrer la théorie, voici deux situations courantes illustrant l’usage d’une grille de vétusté :
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Cas n°1 : Peinture défraîchie vs murs abîmés
Situation : Vous aviez repeint un appartement juste avant la location, il y a 7 ans. Durée de vie théorique de la peinture : 7 ans, franchise 1 an, abattement 15 %/an, résiduel 10 %.
Scénario A – Usure normale : Le locataire s’en va au bout de 7 ans. Les murs sont simplement ternis, sans dégât particulier. La peinture a atteint sa durée de vie : vétusté 100 %. D’après la grille, le locataire n’a rien à payer (au-delà de 7 ans, tout est usé naturellement). Le propriétaire prend en charge la réfection complète (et ne peut rien retenir sur le dépôt, sauf le forfait minimum de 10 % éventuellement, mais généralement à 7 ans pile on considère 100 %).
Scénario B – Dégradations : Autre cas, le locataire part après 5 ans, mais les murs présentent de nombreux trous non rebouchés et des taches. À 5 ans, la vétusté naturelle n’est que ~60 % (franchise 1 an + 4 ans ×15 %). Mais ici l’état est bien pire que l’usure normale : les trous et taches sont des dégradations locatives. Le bailleur pourra donc retenir non seulement la part correspondant à la vétusté (40 % à charge locataire d’après la grille), mais aussi un complément pour couvrir la remise en état exceptionnelle (rebouchage, etc.). La grille apporte un chiffrage de base (40 % du coût peinture = charge locataire), le surplus éventuel doit être justifié (main d’œuvre pour reboucher). Dans tous les cas, le locataire paiera plus que s’il avait juste rendu des murs usés naturellement. La grille aura permis de quantifier la part “normale” (prise par le bailleur) et donc de ne faire payer au locataire que ce qui dépasse cette usure. -
Cas n°2 : Panne d’un appareil électroménager
Situation : Vous avez loué un meublé avec un réfrigérateur quasi neuf. Durée de vie théorique : 10 ans, franchise 2 ans, abattement 8 %/an, résiduel 20 %.
Scénario A – Vétusté : Le frigo tombe en panne après 8 ans de bons et loyaux services, sans faute du locataire. D’après la grille, l’usure naturelle = 6 ans ×8 % = ~48 %. Le propriétaire assume environ la moitié du coût du frigo neuf. L’autre moitié, normalement charge locataire, est en fait couverte par la notion de vétusté – ici on pourrait décider de retenir au locataire au plus 20 % du coût (car part résiduelle 20 %), voire rien du tout si on estime que la panne est juste due à l’âge. Souvent, dans ce genre de cas, le propriétaire prend tout en charge parce qu’un frigo de 8 ans est considéré amorti à 80 %. La grille justifie ce choix.
Scénario B – Mauvais usage : Si au contraire le frigo est cassé au bout de 3 ans parce que le locataire ne l’a jamais dégivré et l’a endommagé, la vétusté naturelle n’est que 1 an (franchise dépassée d’un an → 8 % d’usure). Là, clairement, on est face à une dégradation anormale. Le bailleur pourra retenir ~92 % du coût de remplacement sur le dépôt de garantie (100 % – 8 % d’usure normale). La grille lui sert de base pour justifier cette retenue importante.
Dans chaque cas, la grille de vétusté permet de séparer la part d’usure normale (à la charge du propriétaire) de la part due aux manquements du locataire (à la charge de ce dernier). Cela donne un cadre de calcul transparent pour les deux parties.
En résumé, la grille de vétusté est un allié indispensable pour une gestion locative apaisée. Introduite par la loi Alur, sans être obligatoire, elle offre un référentiel objectif pour évaluer l’usure normale d’un logement. En la mettant en place dès le bail, bailleur et locataire se protègent mutuellement : le locataire ne paiera pas pour le simple effet du temps, et le propriétaire pourra faire valoir les dégradations anormales de manière chiffrée et juste. Pour tirer pleinement parti de cet outil, veillez à choisir un modèle de grille officiel, à le joindre au contrat et à bien documenter l’état des équipements à l’entrée et à la sortie.
En tant que loueur en meublé (LMNP/LMP), n’hésitez pas à intégrer une grille de vétusté dans vos baux pour sécuriser vos intérêts tout en restant équitable avec vos locataires. Et souvenez-vous que du côté fiscal, vous pourrez également amortir vos équipements et mobilier (sur 5 à 10 ans en général) afin de déduire leur dépréciation naturelle de vos revenus imposables. Grille de vétusté et amortissements comptables sont deux notions distinctes mais complémentaires pour optimiser votre investissement locatif !
Foire aux questions
Les réponses rapides aux questions les plus posées.
La grille de vétusté est-elle obligatoire ?
Non. Elle est facultative dans le parc privé, mais le locataire peut en demander l’annexion depuis la loi ALUR. Si elle est prévue au bail, elle devient contractuelle. Dans les HLM, certaines grilles conventionnelles sont obligatoires, mais cela ne concerne pas les locations privées.
Qui établit la grille de vétusté et comment la choisir ?
Mieux vaut reprendre une grille officielle issue d’un accord collectif (ex. OPAC de Paris, offices HLM). Le bailleur la propose au locataire à la signature, et si les deux l’acceptent, elle est annexée au bail. Les grilles “maison” n’ont pas de valeur légale.
La grille de vétusté s’applique-t-elle aux locations meublées ?
Oui. En meublé, elle est même plus utile car elle couvre meubles et électroménager. Elle permet de distinguer l’usure normale d’un canapé ou d’un matelas de véritables dégradations, et d’éviter les litiges lors de la restitution du dépôt de garantie.
Où trouver un modèle de grille de vétusté conforme à la loi ?
Les modèles sont disponibles dans les accords collectifs de bailleurs sociaux (OPAC, Anah, 3F…). Des sites spécialisés proposent aussi des PDF gratuits. Assurez-vous que la grille mentionne bien sa source officielle et annexez-la au bail pour la rendre opposable.
La grille de vétusté a-t-elle un impact sur la fiscalité LMNP/LMP ?
Non directement. Fiscalement, c’est l’amortissement qui traduit la perte de valeur du logement et du mobilier. La grille sert uniquement à partager les frais avec le locataire en fin de bail. Les dépenses de remise en état liées à la vétusté peuvent toutefois être déduites en charges ou amorties.
Besoin d’aide ? 03 74 47 20 18
Sources officielles
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Service-Public.fr – « Qui est responsable des dégradations dans un logement en cours de location ? » (page vérifiée le 21 mai 2025). Disponible à : service-public.fr/particuliers/vosdroits/F21105 (consulté le 25 août 2025).
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Legifrance – Décret n° 2016-382 du 30 mars 2016 fixant les modalités d’établissement de l’état des lieux et de prise en compte de la vétusté des logements loués à usage de résidence principale. Texte intégral : legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000032297788 (consulté le 25 août 2025).
-
Service-Public.fr – « Location immobilière : documents remis par le propriétaire » (logement meublé, page vérifiée le 17 avril 2024). Disponible à : service-public.fr/particuliers/vosdroits/F2066 (consulté le 25 août 2025).
-
Service-Public.fr – « Impôt sur le revenu – Revenus d’une location meublée » (régime réel, amortissement des meubles). Disponible à : service-public.fr/particuliers/vosdroits/F32744 (consulté le 25 août 2025).
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