Sommaire de l'article
- Pourquoi estimer la valeur vénale de son bien ?
- Les critères qui influencent la valeur vénale
- Quelles sont les méthodes d’estimation de la valeur vénale ?
- Faire estimer son bien : quels outils et qui consulter ?
- Cas particulier : valeur vénale et location meublée (LMNP/LMP)
- Résumé des conseils pratiques pour une estimation réussie
- Foire aux Questions
La valeur vénale d’un bien immobilier correspond à sa valeur marchande, c’est-à-dire le prix auquel votre bien pourrait être vendu dans des conditions normales de marché à un instant donné. En d’autres termes, c’est le montant qu’un propriétaire pourrait obtenir de la vente de son logement, compte tenu de l’offre et de la demande actuelles sur le secteur. Cette notion est objective mais évolutive : la valeur vénale est estimée à un moment précis et peut varier avec les tendances du marché immobilier local (conjoncture économique, taux d’intérêt, etc.). On parle aussi de valeur de marché pour désigner cette estimation.
Bien qu’il n’existe pas de définition légale stricte, la valeur vénale est utilisée par l’administration fiscale dans plusieurs contextes (impôts, successions…) pour évaluer un patrimoine immobilier. Le Plan Comptable Général la définit à titre indicatif comme « le montant qui pourrait être obtenu de la vente d’un actif lors d’une transaction conclue à des conditions normales de marché, net des coûts de sortie ». Concrètement, cela revient à estimer le prix de vente potentiel de votre bien, hors frais de vente.
Pourquoi estimer la valeur vénale de son bien ?
Estimer correctement la valeur vénale de votre maison ou appartement est crucial dans de nombreuses situations de la vie immobilière :
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Pour la vente de votre bien : Si vous envisagez de vendre, déterminer une valeur vénale réaliste permet de fixer le juste prix de vente. Un prix trop élevé risque de freiner les acheteurs, tandis qu’un prix trop bas vous ferait perdre de l’argent. La valeur vénale sert donc de base à votre estimation immobilière et à la négociation avec les acquéreurs. Elle exclut généralement les frais annexes (frais d’agence, frais de notaire) qui s’ajoutent lors de la transaction.
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Pour une succession ou une donation : En cas d’héritage ou de donation, il est obligatoire d’évaluer chaque bien immobilier à sa valeur vénale au jour de la transmission, et de l’indiquer dans la déclaration de succession ou l’acte de donation. Les droits fiscaux (droits de succession/donation) sont calculés sur cette base, d’où l’importance de ne pas sous-évaluer le bien au risque d’un redressement fiscal ultérieur. Le fisc peut en effet contrôler la valeur déclarée et la rectifier si elle lui paraît sous-estimée. À l’inverse, une surestimation vous ferait payer des impôts excessifs et pourrait compliquer une revente future. Le service en ligne Patrim mis en place par l’État aide d’ailleurs les particuliers à estimer un bien dans le cadre d’une succession ou donation, en donnant accès aux récents prix de vente de propriétés comparables.
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Pour l’IFI (Impôt sur la Fortune Immobilière) : Si la valeur nette de votre patrimoine immobilier dépasse 1 300 000 €, vous êtes assujetti à l’IFI et devez déclarer chaque année la valeur vénale de vos biens imposables. Le montant de l’impôt est calculé sur la somme des valeurs vénales déclarées. Là encore, une sous-évaluation volontaire est risquée : en cas de contrôle, un redressement avec pénalités peut être appliqué. Il est donc primordial d’estimer au plus juste la valeur marchande de vos biens pour calculer l’IFI sans erreur.
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Pour un sinistre (assurance) : En cas de sinistre majeur (incendie, dégât important) détruisant tout ou une partie de votre bien, votre assurance habitation calcule l’indemnité de remplacement d’après la valeur vénale du bien juste avant le sinistre. L’assureur demandera généralement une attestation de valeur établie par un professionnel pour déterminer l’indemnisation due. Connaître la valeur vénale de votre propriété vous garantit d’être correctement indemnisé de la perte subie. (À noter : certaines polices « valeur à neuf » couvrent la différence entre la valeur vénale et le coût de reconstruction neuf du bien).
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Dans d’autres cas courants : La valeur vénale peut aussi être nécessaire lors d’un partage de patrimoine (divorce, indivision…), d’un apport de bien immobilier à une société (par exemple intégrer un bien dans une SCI) ou lors du démarrage d’une activité de location meublée. Dans chacun de ces cas, une évaluation objective et reconnue évite les litiges et garantit le respect des obligations légales ou comptables.
Les critères qui influencent la valeur vénale
Aucune formule universelle ne calcule automatiquement la valeur vénale d’un bien immobilier, mais plusieurs critères-clés permettent de l’évaluer au plus juste. Parmi les facteurs à considérer :
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La localisation géographique : L’emplacement est déterminant. Le prix au m² varie fortement selon la région, la ville, le quartier, et même la rue. Un logement bien situé (proche des transports, commerces, écoles, dans un quartier prisé) vaudra bien plus qu’un bien isolé ou dans une zone peu demandée. L’environnement immédiat compte également : par exemple, une maison donnant sur une voie ferrée ou une route passante aura une valeur inférieure à une maison identique avec vue dégagée sur un parc ou la mer.
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Le type de bien et ses caractéristiques : La nature du bien (appartement, maison individuelle, immeuble, terrain…), ses caractéristiques et dépendances jouent sur le prix. Un appartement avec ascenseur, balcon ou terrasse, ou un logement disposant d’un garage, d’une piscine, d’un jardin, etc., aura une valeur ajoutée par rapport à un bien sans ces atouts. À l’inverse, la présence de nuisances, l’absence d’espaces extérieurs, ou un statut particulier (par exemple un bien occupé par un locataire en place) peuvent diminuer la valeur pour un acheteur.
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La superficie et la disposition : La surface habitable est bien sûr un paramètre majeur. En général, on estime la valeur en multipliant la surface par le prix moyen au m² constaté dans le secteur, puis en ajustant selon les autres critères (prestations, état…). Il faut aussi tenir compte de la distribution des pièces et de la surface annexe (surface du terrain, cave, parking, etc.). Deux appartements de 50 m² n’auront pas la même valeur si l’un dispose de 2 pièces bien agencées et l’autre de 3 pièces exiguës.
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L’état général et les travaux à prévoir : La vétusté du bien, son état d’entretien et les rénovations nécessaires impactent fortement sa valeur. Un logement récemment rénové ou bien entretenu se vendra plus cher qu’un bien similaire nécessitant de gros travaux (rénovation électrique, toiture à refaire, mise aux normes énergétiques, etc.). Les acheteurs déduiront du prix de vente le coût estimé des travaux à réaliser. À l’inverse, des améliorations qualitatives (cuisine équipée haut de gamme, matériaux nobles, domotique…) peuvent valoriser le bien, sans pour autant pouvoir toujours en récupérer 100% du coût dans le prix de vente.
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Le marché immobilier local : La loi de l’offre et de la demande dans votre secteur influence la valeur vénale. Il convient de comparer votre bien aux ventes récentes de biens équivalents dans le même quartier pour apprécier le prix du marché. S’il y a beaucoup d’acheteurs pour peu de biens disponibles, les prix auront tendance à monter (marché « vendeur »). À l’inverse, un grand nombre de biens en vente et peu d’acquéreurs fait pression à la baisse (marché « acheteur »). L’évolution des taux d’intérêt et la conjoncture économique jouent aussi : par exemple, la remontée des taux en 2023-2024 a pu réduire le pouvoir d’achat des acquéreurs et ralentir la hausse des prix dans certaines zones.
A noter : Pour un terrain non bâti, les critères d’évaluation diffèrent en partie. Il faut notamment vérifier s’il est constructible ou non (selon le PLU local), sa superficie, sa configuration (plat ou en pente), son accès, la disponibilité des raccordements (viabilisation) et l’existence d’un certificat d’urbanisme. Un terrain constructible aura une valeur bien supérieure à un terrain agricole ou non constructible de même taille. De même, un terrain à viabiliser subira une décote correspondant aux frais de raccordement futurs. Enfin, la valeur d’un terrain dépend beaucoup de son potentiel (possibilités de construction, intérêt pour un promoteur) en plus de sa simple surface.
Quelles sont les méthodes d’estimation de la valeur vénale ?
Pour estimer la valeur vénale d’un bien immobilier, les professionnels utilisent classiquement trois approches complémentaires.
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La méthode comparative (par le marché) : C’est la méthode la plus utilisée en pratique, car généralement la plus fiable. Elle consiste à comparer le bien avec d’autres biens similaires récemment vendus ou en vente dans le même secteur. En analysant plusieurs comparables (même type de logement, surface proche, caractéristiques et emplacement similaires), on peut déduire un prix au m² moyen et appliquer des ajustements selon les atouts ou faiblesses du bien à estimer. Pour ce faire, on s’appuie sur des données concrètes : la base publique DVF (demandes de valeurs foncières) recense toutes les transactions immobilières des cinq dernières années (consultable librement sur data.gouv.fr). L’outil gouvernemental Patrim permet aussi aux particuliers, via leur espace sur impots.gouv.fr, de rechercher les ventes comparables dans leur ville ou quartier. En pratique, un agent immobilier ou notaire local dispose également de sa propre connaissance du marché et de bases de données des ventes pour affiner l’estimation. La méthode comparative est idéale pour estimer maisons et appartements, car elle reflète directement la réalité du marché.
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La méthode par le rendement (revenu) : Cette approche évalue la valeur vénale d’un bien en fonction du revenu locatif qu’il peut générer. Elle est surtout pertinente pour un bien loué ou un investissement locatif (studios, immeubles de rapport, etc.). On calcule le prix en capitalisant le loyer annuel attendu par un taux de rendement moyen du marché. Par exemple, si un immeuble rapporte 150 000 € de loyers par an et que le taux de rendement constaté dans le secteur est de 5%, la valeur vénale de l’immeuble serait d’environ 150 000 € / 0,05 = 3 000 000 €. Autrement dit, l’investisseur qui achète à 3 M€ percevrait un rendement brut d’environ 5%. Ce calcul de rendement permet de comparer la cohérence d’un prix par rapport aux loyers. Attention toutefois : pour les logements destinés à de la résidence principale, le marché peut déconnecter le prix de la rentabilité locative (par exemple à Paris, les rendements locatifs sont faibles ~3% car les prix sont surtout portés par la demande d’habitation). La méthode du revenu reste un bon indicateur pour les biens occupés ou destinés à la location, et elle est souvent utilisée par les investisseurs pour évaluer un achat.
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La méthode du coût (valeur de remplacement) : Ici, on estime la valeur vénale en additionnant la valeur du terrain et le coût de reconstruction du bâti, puis en ajustant pour la vétusté. Cette méthode dite « par le coût » part du principe que la valeur d’un bien équivaut à ce qu’il en coûterait pour reconstruire le même (prix du terrain + coût de construction à neuf – décote de vétusté). Elle est utilisée notamment par les assureurs pour déterminer l’indemnisation en cas de destruction totale, ou par des experts lorsque le bien est atypique et qu’il existe peu de comparables sur le marché. Dans la pratique courante, cette approche est moins utilisée pour estimer un logement standard, car elle ne reflète pas toujours la disposition à payer des acheteurs. Elle peut toutefois donner un ordre de grandeur minimal – en particulier pour une construction neuve dont le coût est bien connu, on ne vendra pas en dessous du coût de revient sauf marché sinistré.
En règle générale, pour un particulier, il est conseillé de s’appuyer principalement sur la méthode comparative, plus simple et réaliste. Les méthodes par le rendement et par le coût peuvent servir de complément pour affiner l’analyse, notamment pour vérifier qu’un prix n’est pas incohérent (par exemple, un prix de vente qui donnerait un rendement de 2% alors que le marché est à 5% peut signaler une surcote du bien). Multiplier les approches d’estimation permet ainsi de croiser les résultats et d’obtenir une fourchette de valeur vénale la plus crédible possible.
Faire estimer son bien : quels outils et qui consulter ?
Vous pouvez entreprendre une première estimation vous-même, puis faire appel à des professionnels pour confirmer la valeur vénale de votre bien :
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Les outils d’estimation en ligne : De nombreux sites web proposent des simulateurs d’estimation gratuits et instantanés (MeilleursAgents, SeLoger, EstimerSaMaison, etc.). Il suffit de renseigner les caractéristiques du logement (adresse, type, surface, nombre de pièces, état…) et l’algorithme compare avec sa base de données de ventes pour fournir une fourchette de prix estimative. Ces outils sont utiles pour obtenir rapidement un ordre de grandeur de la valeur vénale. Cependant, leur précision dépend des données disponibles et ils n’intègrent pas toujours toutes les spécificités (vue exceptionnelle, vis-à-vis, rénovation récente…). Il est donc prudent de ne pas s’en contenter et de poursuivre l’analyse avec d’autres méthodes.
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La base de données DVF et l’outil Patrim : Pour affiner par vous-même, vous pouvez consulter les données officielles des transactions. Le site data.gouv.fr met à disposition les ventes immobilières des 5 dernières années (base DVF), consultables par commune, avec détail du prix, de la surface et du type de bien. De son côté, Patrim est un service en ligne de la Direction des Finances (via votre espace particulier impots.gouv) qui permet de rechercher des ventes comparables dans votre secteur. Patrim est gratuit et très utile pour connaître précisément le prix de vente des biens comparables près de chez vous (logements similaires, même quartier…). Notez que l’accès à Patrim est réservé à certains motifs légitimes (par exemple estimer son bien pour une déclaration fiscale, succession, IFI…). Ces outils officiels apportent une transparence sur le marché immobilier et sont d’excellents points de repère pour calculer la valeur vénale de votre bien.
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Les agents immobiliers : Faire appel à une agence immobilière locale reste un moyen classique et efficace d’estimer la valeur vénale. La plupart des agents proposent une estimation gratuite et sans engagement de votre logement, espérant éventuellement décrocher le mandat de vente. Un bon agent possède une connaissance fine du marché local et a l’expérience des transactions récentes. Il visitera votre bien pour en évaluer objectivement les qualités et défauts, puis s’appuiera sur les comparables du voisinage pour estimer un prix de vente conseillé. L’estimation par un agent est généralement fiable, mais gardez à l’esprit que certains peuvent être tentés de surévaluer votre bien pour vous faire plaisir (ou décrocher le mandat), ou à l’inverse de minorer un peu le prix pour vendre plus vite. N’hésitez pas à multiplier les avis de deux ou trois agents afin de recouper les estimations et obtenir une moyenne représentative.
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Les notaires et experts immobiliers : Pour une évaluation encore plus pointue ou dans un contexte officiel, vous pouvez solliciter un notaire ou un expert immobilier agréé. Ces professionnels réalisent des expertises immobilières approfondies, tenant compte des caractéristiques techniques et juridiques du bien, de l’historique du bâtiment, etc. Au terme de son analyse, le notaire ou l’expert délivre une attestation de la valeur vénale de votre bien, sous la forme d’un rapport détaillé mentionnant la description du bien et le calcul de sa valeur (notamment avec son prix au m² moyen). Ce document a une valeur officielle et peut être utilisé pour justifier la valeur auprès de l’administration fiscale ou d’un assureur. Faire intervenir un expert immobilier est payant – le coût varie en fonction du type de bien et de la profondeur de l’étude (comptez quelques centaines d’euros en général). Ce recours se justifie surtout pour des situations précises (succession contentieuse, valorisation de patrimoine important, besoin d’une garantie bancaire, etc.), ou si vous voulez simplement une évaluation neutre et professionnelle sans intention immédiate de vendre.
En résumé, il est judicieux de combiner plusieurs approches : une auto-évaluation éclairée par les données (outils en ligne, DVF/Patrim) et une confirmation par un professionnel local. De cette façon, vous aurez une estimation de valeur vénale fiable, basée sur des faits et l’avis d’un expert du marché.
Cas particulier : valeur vénale et location meublée (LMNP/LMP)
Si vous êtes propriétaire et que vous passez votre bien en location meublée (statut LMNP ou LMP), la notion de valeur vénale intervient également pour vos obligations comptables et fiscales. En effet, lors du passage en location meublée professionnelle ou non professionnelle, on doit intégrer le bien dans l’activité à sa valeur vénale du moment – et non nécessairement à son ancien prix d’achat. Deux cas peuvent se présenter :
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Cas n°1 : Vous mettez en location meublée un bien dès son acquisition (immatriculation LMNP concomitante à l’achat). Dans ce cas, la valeur à retenir en comptabilité correspond tout simplement au prix d’acquisition du bien inscrit dans l’acte notarié. Vous pourrez ainsi amortir le bien sur la base de ce prix d’achat, frais d’acquisition inclus (frais de notaire, frais d’agence éventuels, que l’on peut comptabiliser et amortir selon les règles fiscales).
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Cas n°2 : Vous possédez le bien depuis un certain temps (occupé par vous-même ou loué nu précédemment) et vous décidez ensuite de le louer en meublé. Dans ce cas, la date d’immatriculation LMNP est postérieure à la date d’achat. Il faut donc évaluer le bien à la date de son passage en meublé et retenir cette valeur vénale actuelle, plutôt que le prix d’origine. Autrement dit, vous faites estimer votre bien au jour où il intègre votre activité LMNP. Par exemple, un appartement acheté 200 000 € en 2010 et loué nu pendant des années peut valoir 400 000 € au moment où vous le basculez en meublé en 2025. Vous l’inscrirez alors dans votre comptabilité LMNP pour 400 000 € et pourrez amortir le bien sur cette base de 400 000 €, beaucoup plus élevée que son coût historique. Ceci est tout à fait légal et conforme au principe comptable de l’entrée au patrimoine à la valeur actuelle. En revanche, notez que les frais d’acquisition initiaux (payés en 2010 dans notre exemple) ne sont pas réintégrés ni amortissables, puisqu’ils sont antérieurs à l’activité meublée.
Pourquoi est-ce important ? Parce que l’amortissement en LMNP/LMP – qui est l’un des avantages clés de ce régime – va porter sur cette valeur vénale du bien. Plus la base amortissable est élevée, plus vous pourrez déduire d’amortissements chaque année pour réduire votre revenu imposable. Il est donc dans l’intérêt du loueur meublé de faire estimer correctement (et objectivement) son bien lors du passage en LMNP. En pratique, on pourra faire appel à un agent immobilier ou un notaire pour obtenir une estimation écrite, ou utiliser des références de prix au m² (sites d’estimation en ligne, Patrim, etc.) afin de déterminer une valeur cohérente. Conservez bien le justificatif de cette évaluation dans vos dossiers : en cas de contrôle fiscal, vous devrez pouvoir expliquer comment vous avez fixé la valeur d’entrée du bien dans votre comptabilité au plus près de la réalité du marché.
Enfin, gardez à l’esprit que la valeur vénale ainsi retenue pour l’amortissement n’évolue pas dans vos comptes tant que vous conservez le bien : vous continuerez à amortir sur la base de cette valeur initiale. Pendant ce temps, le marché pourra faire varier la valeur réelle du bien (vers le haut ou le bas). Cette décorrélation entre la valeur comptable nette et la valeur vénale est normale : un bien peut être presque totalement amorti comptablement au bout de 30 ans, tout en ayant pris de la valeur sur le marché. Le jour où vous vendrez ou sortirez le bien de l’activité, c’est sa valeur vénale du moment qui comptera pour calculer la plus-value taxable ou la valeur d’apport, etc.
Résumé des conseils pratiques pour une estimation réussie
Estimer un bien immobilier n’est pas une science exacte. Pour affiner votre évaluation de la valeur vénale et éviter les écueils, voici quelques conseils pragmatiques :
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Renseignez-vous sur le marché local récent : Appuyez-vous sur des ventes très récentes (moins de 2 ans) dans votre secteur pour tenir compte de la tendance actuelle. Le marché évolue vite : un prix moyen de 2020 n’est peut-être plus valable en 2025. Utilisez les dernières données disponibles (sites d’annonces, DVF/Patrim, notaires) pour coller à la réalité du moment.
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Comparez des biens vraiment comparables : Lors de la méthode comparative, veillez à comparer ce qui est comparable. Tenez compte des différences notables entre votre bien et les références : étage élevé ou non, état intérieur, orientation, présence d’un ascenseur ou non, etc. Ajustez l’estimation en ajoutant de la valeur pour chaque atout que votre bien a en plus, ou en retranchant pour chaque défaut par rapport aux autres. Cette analyse fine vous donnera une fourchette de prix pertinente.
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Restez objectif (chassez l’affect) : Votre bien a une valeur sentimentale pour vous, mais l’acheteur, lui, sera objectif. Efforcez-vous d’évaluer votre logement comme si c’était celui de quelqu’un d’autre. Identifiez honnêtement ses points faibles (même si vous y êtes attaché) et prenez-les en compte. À l’inverse, ne surestimez pas l’impact d’aménagements très personnels ou de votre déco, qui ne plairont pas forcément à tout le monde. Garder cette neutralité vous évitera de surévaluer inconsciemment le prix.
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Ne pas confondre coût et valeur : Le montant que vous avez dépensé pour acquérir ou rénover un bien ne détermine pas directement sa valeur vénale. Par exemple, investir 50 000 € dans une rénovation énergétique n’augmente pas automatiquement le prix de vente de 50 000 €. Le marché paye pour des caractéristiques (un bien « en bon état, économe en énergie ») mais pas nécessairement pour le coût exact des travaux réalisés. De même, si vous avez acheté cher à l’époque, ce n’est pas un argument pour revendre plus cher si le marché a baissé entre temps. La valeur vénale se base sur ce que l’acheteur est prêt à payer aujourd’hui, pas sur les dépenses passées du vendeur.
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Faites-vous confirmer par un professionnel : Même si vous ne comptez pas vendre tout de suite, il peut être utile de solliciter une estimation gratuite auprès d’un agent immobilier de votre quartier. Son regard extérieur et son expérience apporteront un éclairage supplémentaire. Vous pouvez comparer avec votre propre estimation et voir si vous êtes en phase. En cas d’écart important, n’hésitez pas à demander les justifications (comparables utilisés, etc.). C’est sans engagement et cela vous donne un avis de plus pour fiabiliser votre évaluation.
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Gardez une trace écrite de l’estimation : Si un professionnel estime votre bien, demandez-lui un document récapitulatif (même informel) de son estimation. Pour un usage fiscal (déclaration IFI, apport en société, etc.), une attestation de valeur vénale signée par un expert ou notaire est idéale. En cas de litige ou contrôle, pouvoir présenter un justificatif ou un rapport d’estimation daté sera précieux pour appuyer la valeur déclarée de votre bien.
En suivant ces recommandations, vous mettrez toutes les chances de votre côté pour aboutir à une estimation réaliste et crédible de la valeur vénale de votre bien immobilier. C’est une étape cruciale, qui vous permettra de prendre des décisions éclairées – qu’il s’agisse de vendre, de louer, de déclarer vos biens aux impôts, ou simplement de connaître la valeur de votre patrimoine.
Foire aux Questions
1. Qu’est-ce que la valeur vénale d’un bien immobilier ?
La valeur vénale est le prix auquel votre bien (maison, appartement, terrain) pourrait se vendre immédiatement dans des conditions normales ; elle reflète l’offre et la demande du moment. À ne pas confondre avec la valeur locative, qui sert uniquement au calcul des impôts locaux.
2. Comment calculer soi-même la valeur vénale de ma maison ou appartement ?
1) Analysez les ventes récentes de biens comparables via DVF, Patrim ou les portails d’annonces. 2) Listez objectivement atouts et faiblesses (balcon, garage, travaux…) et ajustez le prix. 3) Utilisez un estimateur en ligne pour obtenir une première fourchette. 4) Recoupez avec les données officielles et, si possible, l’avis gratuit d’un agent local pour valider votre prix.
3. Quelle différence entre valeur vénale et valeur locative cadastrale ?
La valeur vénale est le prix de marché en cas de vente. La valeur locative cadastrale correspond au loyer annuel théorique fixé par l’administration pour calculer taxe foncière et taxe d’habitation. Elles sont corrélées mais servent à des finalités différentes : marché pour l’une, fiscalité pour l’autre.
4. Faire estimer mon bien par un professionnel, est-ce payant ?
Les agences immobilières proposent généralement une estimation gratuite et sans engagement. Les notaires ou experts indépendants facturent une expertise officielle (environ 200 à 800 € selon la complexité) exigée pour successions, partages judiciaires ou déclarations fiscales ; un avis de valeur simplifié peut parfois être offert.
5. Où trouver les prix de vente récents pour estimer moi-même mon bien ?
Consultez la base DVF (data.gouv.fr), Patrim (via votre espace impôts), les annonces en ligne (SeLoger, Leboncoin, PAP) et les baromètres de prix au m² (MeilleursAgents, etc.). Croiser ces sources vous donnera une vision fiable du marché et une estimation vénale précise.
Prenez un rendez-vous de conseils avec un expert en fiscalité !
Kévin
Expert en fiscalité immobilière
Clément
Expert en défiscalisation